Bataille de l'Allia : qui va donner lieu aux expressions : - Oies du Capitole - Vae Victis

  On donne généralement comme date de cet affrontement le 18 juillet 390 avant J.C., on parle aussi de 387 avant J.C. et de 386 avant J.C., la seule chose qui est certaine est le jour et le mois. Cette bataille est surtout connue pour deux épisodes :

1 – L'EPEE de BRENNUS et sa fameuse phrase : « VAE VICTIS ». (malheur aux vaincus) Tite Live, V, 48, 9.

2 – LES OIES DU CAPITOLE.

S'étant déroulé sur les bords de la rivière Allia (aujourd'hui, « Fosso di Maraglia), en pays sabin, à peu près à l'endroit où elle se jette dans le Tibre (à une quinzaine de kilomètres de Rome), elle porte son nom.

A l'origine de cette bataille, on trouve une invasion de l'Etrurie par les Gaulois (des Sénons-capitale Sens- Agendicum ) Sur leur route, se dressait la ville de Clusium (Chuisi) qu'ils voulurent investir.

--- Bronze Senon, 52 avant J.C.

Cette dernière appela Rome à son secours qui, au lieu, de lui envoyer une armée lui fournit des ambassadeurs pour aller trouver les Gaulois. Ils essuyèrent un échec cuisant.

« Des députés de Clusium vinrent demander du secours contre les Gaulois. Cette nation, à ce que la tradition rapporte, séduite par la douce saveur des fruits de l'Italie et surtout de son vin, volupté qui lui était encore inconnue, avait passé les Alpes et s'était emparée des terres cultivées auparavant par les Étrusques. » Tite Live, V, 33.

« …ils envoyèrent des députés à Rome pour demander du secours au sénat. Ce secours ne leur fut point accordé; mais trois députés, tous trois fils de Marcus Fabius Ambustus, furent chargés d'aller, au nom du sénat et du peuple romain, inviter les Gaulois à ne pas attaquer une nation dont ils n'avaient reçu aucune injure, et d'ailleurs alliée du peuple romain et son amie. Les Romains, au besoin, les protégeront aussi de leurs armes; mais ils trouvent sage de n'avoir recours à ce moyen que le plus tard possible, et pour faire connaissance avec les Gaulois, nouveau peuple, mieux vaut la paix que la guerre. » Tite Live, V, 35.

Un de ces ambassadeurs tua, même, un guerrier celte. Ils demandèrent au sénat qu'on leur livre le coupable mais se heurtèrent à un refus. Ils marchèrent alors, sur Rome. La responsabilité de cette bataille ainsi que de l'invasion de la Ville reviendrait à la gens Fabia qui assurait l'ambassade (3 membres) :

« …les députés, au mépris du droit des gens, prennent les armes, et ce combat de trois des plus vaillants et des plus nobles enfants de Rome, à la tête des enseignes étrusques, ne put demeurer secret; ils furent trahis par l'éclat de leur bravoure étrangère. Bien plus, Quintus Fabius, qui courait à cheval en avant de l'armée, alla contre un chef des Gaulois qui se jetait avec furie sur les enseignes étrusques, lui perça le flanc de sa lance et le tua : pendant qu'il le dépouillait, il fut reconnu par les Gaulois, et signalé sur toute la ligne comme étant l'envoyé de Rome. » Tite Live, V, 36.

C'est un membre de cette grande famille, Fabius Pictor , un historien romain qui établit la chronologie des faits qui n'étaient pas glorieux pour ses ancêtres.  

Rome envoya, alors, contre eux dix légions, peu entraînées, ce qui correspond grosso modo à 40.000 hommes, on dit que les Gaulois étaient 170.000, compris femmes, enfants, vieillards.

Il n'y eut pratiquement pas de combat. Les troupes romaines se débandèrent très rapidement devant la furie des guerriers gaulois. Ils utilisaient une tactique très simple, ils se lançaient en masse compacte, au pas de course, en hurlant, contre l'ennemi, cette façon de faire leur réussit cette fois là ; ils attaquèrent, en premier, l'aile droite qui se disloqua très vite entraînant la débâcle de toute l'armée. A travers les siècles, ils continuèrent d'attaquer de la sorte mais ne connurent aucun succès devant des troupes expérimentées comme celle de Jules César, par exemple.

Les Gaulois furent étonnés d'une victoire aussi facile, ils prirent le temps de se livrer au pillage du camp romain, ils permirent ainsi à leurs ennemis survivants de se réfugier à Rome où le seul point fortifié était le Capitole, le reste de la ville était indéfendable et c'est ainsi qu'une partie de l'armée vaincue va se retrouver à défendre le sommet de la Ville. Une autre partie des vaincus alla se regrouper dans la ville de Veies. Cette défaite laissa une forte impression dans l'esprit des Romains, à tel point que son jour anniversaire devint une journée néfaste connue sous le nom du « jour de l'Allia ».

« …le seize des calendes d'août, jour qui fut mis au nombre des jours néfastes, sous le nom de la journée d'Allia. » Aurélius Victor, de viris illustribus, XXIII.

« Aucune défaite ne fut, sans contredit, plus horrible. Aussi Rome, dans ses fastes, plaça-t-elle cette journée au nombre des jours funestes. » Florus, Histoire de Rome, XIII.

Trois jours après la bataille, les Gaulois rentrèrent dans Rome ; cette ville va résister pendant 7 mois, c'est à ce moment que se place l'épisode des OIES DU CAPITOLE où un assaut gaulois fut déjoué par les cris de ces animaux qui avertirent les défenseurs d'une attaque nocturne qui se voulait être faite par surprise.

Les Romains, épuisés, vont acheter à prix d'or ( 327 kg .) la levée du siège.

--- épisode de l'épée de Brennus, P. Lehugeur XIX ème siècle.

Et c'est là que prend place le second épisode qui veut que devant les protestations romaines dénonçant une balance truquée, le chef gaulois, Brennus, jette sa lourde épée dans le plateau contenant les poids en disant VAE VICTIS = malheurs aux vaincus.

L'or reçu par les Gaulois ne resta pas longtemps en leur possession puisqu'il fut repris par le dictateur Camille.

« Toutefois, Ils se retirèrent ensuite après avoir même reçu de l'or pour lever le siège du Capitole; mais Camille, qui les poursuivit, en fit un tel carnage, qu'il leur reprit l'or qu'on leur avait donné et toutes les enseignes romaines qu'ils avaient enlevées. » Eutrope, abrégé de l'histoire romaine, livre I.

Des historiens avance la thèse qui doute complètement du nom de Brennus, ils disent que le terme est un mot tiré de la langue celte : « Bren » qui a comme signification = « chef ».

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