L'Histoire Auguste

Julius Capitolinus

traduction PAR M. VALTON, Professeur au collège royal de Charlemagne.

C. L. F. PANCKOUCKE 1844

Vie de L'EMPEREUR VERUS.

 

I. Je sais que généralement les écrivains et les historiens, dans la Vie de Marc Antonin et de Verus, commencent par donner au lecteur l'histoire de Verus, suivant l'ordre de leur vie, el non celui de leur règne; quant à moi, puisque Marc Antonin a régné le premier, et ensuiteVerus, à qui survécut Marc Antonin, j'ai cru devoir écrire en premier lieu l'histoire de Marc Antonin, puis eelle de Verus. Lucius Cejonius Élius Commodus Verus Antoninus, qui fut appelé Élius, suivant la volonté d'Adrien, Verus et Antoninus d'après son alliance avec Antonin, n'est compté ni parmi les bons ni parmi les mauvais empereurs, il est certain qu'il n'eut ni beaucoup de vices ni beaucoup de vertus, et qu'ensuite il n'exerça pas un pouvoir absolu, mais jouit sous Marc Antonin du partage de la puissance et de la majesté impériale, bien éloigné d'ailleurs des principes philosophiques de son frère, par le dérèglement de ses moeurs, et l'extrême licence de sa conduite. Il avait, en effet, une entière franchise, et ne savait rien déguiser. Son père suivant la nature fut Élius Verus, qui, adopté par Adrien, reçut le premier le titre de césar, et mourut revêtu de cette
même dignité. Ses aïeuls et bisaïeuls, ainsi que plusieurs de ses ancêtres, furent consulaires. Il naquit à Rome, pendant la préture de son père, le dix-huitièmejour des calendes de janvier, le même jour que l'empereur Néron. Ses aïeux paternels étaient en grande partie originaires d'Étrurie, et ses aïeux maternels, de Favence.

II. Avec cette noble origine, quand son père fut adopté par Adrien, il entra dans la famille Élia , et, son père mort avec le titre de césar, il resta dans la maison d'Adrien. Celui-ci le fit adopter par Aurèle : il avait voulu avoir Antonin le Pieux pour fils, et Marc Antonin pour petit-fils, par une sage prévoyance pour sa postérité, à la condition que Verus épouserait la fille d'Antonin le Pieux, qui fut cependant donnée à Marc Antonin, parce que Verus n'était pas encore en âge de l'épouser, comme nous l'avons dit dans la Vie de Marc Antonin. Il épousa la fille de Marc Antonin, Lucilla. Il fut élevé dans la maison de Tibère. Il suivit les leçons de Scaurus, grammairien latin, fils de Scaurus qui avait été grammairien d'Adrien. Il eut pour professeurs grecs Télèphe, Héphestion, Harpocration ; pour rhéteurs, Apollonius , Caninius Celer, Herode Atticus; pour professeur de langue latine, Cornélius Fronton; pour professeurs de philosophie, Apollonius et Sextus. Il les aima tous avec passion, et fut également chéri par eux, bien qu'il n'eût aucune disposition pour les lettres. Il aimait dans son enfance à faire des vers ; plus tard, des discours ; et il fut, dit-on, meilleur orateur que poète, ou, pour être plus vrai, plus méchant poète qu'orateur. Il y a même des gens qui disent qu'il mit à contribution l'esprit de ses amis, et que ses écrits, tels quels, ne sont pas de lui. Il paraît, en effet, qu'il avait toujours avec lui une foule de beaux esprits et de savants. Il eut pour faire sa première éducation Nicomède. Il était sensuel, de très belle humeur, et singulièrement bien organisé pour tout ce qui est plaisir, amusement, plaisanterie. Entré après sa septième année dans la famille Aurélia, il fut formé par l'exemple et l'ascendant de Marc Aurèle. Il aimait la chasse, la palestre, et tous les exercices de la jeunesse. Il vécut vingt-trois ans simple particulier dans la famille impériale.

III. Le jour où Verus prit la toge virile, Antonin le Pieux dédiant à cette occasion le temple de son père, fit des largesses au peuple. Verus prit place entre Antonin le Pieux et Marc Aurèle, le jour où, en qualité de questeur, il donnait une fête au peuple. Aussitôt après sa questure, il fut fait consul avec Sextilius Lateranus. Après un intervalle de quelques années, il fut fait consul pour la seconde fois avec son frère Marc Aurèle. Il fut longtemps simple particulier, et n'eut point de part aux honneurs dont Marc Aurèle jouissait. En effet, il ne siégea pas au sénat avant sa questure ; en voyage, il ne prenait pas place sur le char de son père, mais sur celui du préfet du prétoire, et la seule distinction ajoutée à son nom fut le titre de fils d'auguste. Il fut passionné pour les jeux du Cirque, de même que pour les combats de gladiateurs. Ce prince, qui se livrait ainsi en aveugle à tous les excès de plaisir et de la dissipation, conserva pourtant sa place auprès d'Antonin le Pieux; c'est que celui-ci l'avait adopté pour obéir à son père Adrien, qui voulait appeler Verus son petit-fils. Il paraît qu'Antonin ne lui montra que de la probité, mais point d'attachement; cependant il aimait la franchise de son caractère et la loyauté de sa conduite ; il l'engageait à imiter aussi son frère. Après la mort d'Antonin le Pieux, Marc Aurèle accumula les honneurs sur Verus, jusqu'à lui faire part de la puissance impériale; il l'associa à sa fortune, bien que le sénat n'eût déféré l'empire qu'à lui seul.

IV. Lors donc que Marc Antonin eut élevé son frère à l'empire, qu'il lui eut accordé la puissance tribunitienne, et déféré la dignité proconsulaire, il voulut qu'il s'appelât Verus, lui donnant ainsi son propre nom, à la place de celui de Commode qu'il portait auparavant. Lucius prit l'empire en qualité de vicaire de Marc Antonin, lui obéissant comme un lieutenant au proconsul, ou comme un président à l'empire. En effet Marc Antonin harangua pour la première fois alors les soldats en son nom et au nom de son frère, et Verus, prenant une gravité conforme à la majesté impériale, régla sa conduite sur celle de Marc Antonin. Mais quand il fut en Syrie, il se déshonora, non seulement par une vie licencieuse et déréglée, mais même par des adultères et des passions contre nature. Tel était, dit-on, son goût pour la débauche, qu'après son retour de Syrie il établit chez lui une taverne, où il se rendait au sortir de la table de de Marc Antonin, et là il se faisait servir par tout ce qu'il y avait de plus impur. On dit aussi qu'il passait des nuits à jouer aux jeux de hasard, vice qu'il avait contracté en Syrie. Il rivalisait de corruption avec les Caligula, les Néron, les Vitellius, au point de s'en aller la nuit courir les cabarets et les lieux de prostitution, la tête couverte d'un mauvais capuchon de voyage, de se mêler aux batailleurs des rues, et de se battre avec eux, sans se faire connaître. Souvent même il rentra chez lui la figure meurtrie de coups, souvent il fut reconnu dans les tavernes, cherchant à se cacher. Il se servait aussi dans les cabarets des plus grosses pièces d'or, pour jouer à casser des bouteilles. Il aimait les courses de chars et prenait parti pour les Verts. Il eut aussi fréquemment à ses repas des combats de gladiateurs, prolongeant le souper jusque dans la nuit, et s'endormant sur son lit de table, au point qu'on l'enlevait avec les coussins pour le transporter dans sa chambre à coucher. Il avait le sommeil très court, et la digestion très facile. Marc Antonin était censé ignorer tout cela. Il fermait les yeux pour s'épargner la pudeur de faire des reproches à son frère.

V. On cite de lui ce fameux banquet où l'on vit, dit on, pour la première fois, douze convives; et tout le monde sait ce proverbe : « Sept convives, repas; neuf, combat. » Chaque convive reçut en présent un beau garçon pour le servir, un esclave de table et des plats ; des animaux vivants, des oiseaux privés et sauvages, des quadrupèdes de l'espèce de ceux dont on servait les viandes; une coupe pour chaque sorte de vin ; des vases de myrrhe et de cristal d'Alexandrie, chaque fois qu'on servit à boire; des coupes d'or et d'argent enrichis de pierreries, des couronnes garnies de bandelettes d'or et faites de fleurs extraordinaires pour la saison ; des vases d'or remplis de parfums, de la forme des vases d'albâtre sans anses ; enfin un chariot attelé de mules et de mulets avec leur joug en argent, pour sortir du festin et retourner chez soi. Ce repas fut estimé en tout à six millions de sesterces. Lorsque Marc Antonin en fut instruit, il gémit, dit-on, et le déplora comme une calamité publique. Après le repas, on joua aux dés jusqu'au jour. Or, ceci se.passait après la guerre des Parthes, où Marc Antonin avait envoyé son frère, soit pour éviter un scandale public à Rome, soit pour lui faire apprendre l'économie en pays étranger, soit pour qu'il revint corrigé par les graves préoccupations de la guerre , soit enfin pourlui faire sentir qu'il était empereur. On peut juger du succès de ce plan, et par la conduite en général de Verus, et par le repas dont nous venons de donner la description.

VI. Il était tellement occupé des jeux du Cirque, qu'il fut fréquemment en correspondance à ce sujet avec les provinces. Plus d'une fois, assistant à ces jeux avec Marc Antonin, il eut à essuyer les injures des Vénètes, pour des gestes inconvenants par lesquels il se déclarait contre eux. Il s'était fait faire une statuette d'or qu'il portait avec lui, représentant son cheval Volucer, caparaçonné de vert. Il faisait servir à ce cheval, dans sa mangeoire, des raisins secs et des amandes, au lieu d'orge. Il se le faisait amener dans sa maison Tibérienne, couvert de housses teintes en écarlate. Quand cet animal fut mort, il lui éleva un tombeau dans le Vatican. C'est en faveur de ce cheval que, pour la première fois, on voulut voir des harnais aux chevaux d'or. Il fut en si grand honneur, que souvent on demanda pour lui, à la faction des Verts, un boisseau d'écus d'or. Quand Verus partit pour la guerre des Parthes, Marc Antonin l'accompagna jusqu'à Capoue : de là Verus allait par toutes les maisons de plaisance menant joyeuse vie, si bien qu'il tomba malade à Canusium. Son frère se rendit dans cette ville pour le voir. On trouve dans la vie de Verus, même pendant le temps de la guerre, bien des actions lâches et basses. Par exemple, son lieutenant avait été tué, ses légions taillées en pièces, les Syriens songeaient à se soulever, l'Orient était dévasté ; eh bien, Verus chassait en Apulie, ou se promenait sur mer près de Corinthe ou d'Athènes, au milieu de concerts et de choeurs; il parcourait successivement toutes les grandes villes maritimes de Asie, de la Pamphylie et de la Cilicie, et y passait le temps au milieu des plaisirs.

VII. Arrivé à Antioche, il se plongea dans les délices, et ses généraux firent pour lui la guerre aux Parthes pendant quatre ans : c'était Stalius Priscus, Avidius Cassius et Martius Verus, Ils poussèrent jusqu'à Babylone et en Médie, et reprirent l'Arménie. Lucius Verus reçut les nom d'Arménien, de Parthique et de Médique : ils furent décernés aussi à Marc Antonin, bien qu'il fût à Rome. Pendant quatre ans Verus passa l'hiver à Laodicée, l'été à Daphné, et le reste de l'année à Antioche. Il fit rire de lui tous les Syriens; on a d'eux une foule de plaisanteries faites sur son compte au théâtre. Il admit toujours les esclaves de sa maison dans sa salle de festin pendant les Saturnales et les jours de fête. Il se laissa pourtant entraîner par ses courtisans jusque vers l'Euphrate. Puis il revint à Éphèse pour y recevoir à titre d'épouse Lucille que lui envoyait Marc Antonin. Il avait surtout à coeur d'éviter que celui-ci ne vînt avec elle en Syrie, et ne fût témoin de ses désordres. Marc Antonin, en effet, avait dit au sénat qu'il conduirait sa fille en Syrie. La guerre achevée, il laissa l'administration des royaumes aux rois, et celle des provinces à ses généraux. Ensuite il retourna à Rome pour triompher, bien à regret, car la Syrie qu'il quittait, était comme son royaume. Il partagea le triomphe avec son frère ; le sénat ratifia les titres qu'il avait reçus à l'armée. On dit aussi que, pour complaire à une maîtresse vulgaire, il avait coupé sa barbe en Syrie, ce qui lui valut de la part des Syriens plus d'un quolibet.

VIII. On eût dit que, par une sorte de fatalité, il apportait avec lui la peste dans toutes les provinces qu'il traversait pour retourner à Rome. Le fléau prit naissance, dit-on, à Babylone, dans un temple d'Apollon, où se trouvait un coffret d'or, auquel un soldat par hasard fit une entaille. Il s'en échappa une exhalaison pestilentielle, qui de là se répandit chez les Parthes et sur toute la terre. Ce ne fut pas la faute de Lucius Verus, mais celle de Cassius, qui détruisit, contre la foi des traités, la ville de Séleucie, où nos soldats avaient été reçus en amis. Ce fait, du reste, est justifié par Quadratus, entre autres, qui a écrit la guerre des Parthes, et qui accuse les Séleuciniens d'avoir les premiers rompu la trêve. Verus avait pour son frère une telle déférence, que le jour où ils reçurent ensemble les honneurs du triomphe, il l'associa aux titres qui lui avaient été décernés. Mais après son retour de la guerre des Parthes, cette déférence diminua ; il se livra sans pudeur à ses affranchis, et prit beaucoup de dispositions sans le concours de son frère. Outre cela, pour figurer des rois qu'il destinait à orner son triomphe, il tira de la Syrie des histrions, dont le principal fut Maximin, qu'il appela Paris. Il fit construire aussi, sur la voie Clodia, une maison de plaisance fameuse, dans laquelle il passa plusieursjours au milieu d'orgies effrénées, en compagnie de ses affranchis, et d'amis comme lui, dont la présence ne l'obligeait à aucune retenue. Il y invita aussi Marc Antonin, qui s'y rendit pour montrer à son frère l'imposant exemple de sa vie irréprochable; et durant cinq jours qu'il passa avec lui dans cette résidence, il s'occupa constamment d'affaires, tandis que son frère était à table ou préparait de nouvelles orgies. Verus avait aussi avec lui l'histrion Memphis, un de ceux qu'il avait amenés de Syrie, comme trophée de la guerre des Parthes; il l'appelait Apolaustus. Il avait amené aussi des joueurs de lyre, des joueurs de flûte, des histrions, des bouffons, des mimes, des prestigiateurs, et ces esclaves de toute sorte qui servent à amuser les peuples de Syrie et d'Alexandrie. Aussi pouvait-on dire que Verus avait terminé, non pas la guerre des Parthes, mais la guerre des histrions.

IX. Cette diversité de moeurs et beaucoup d'autres circonstances mirent de l'animosité entre Marc Antonin et Verus; du moins, si ce n'était pas l'exacte vérité, c'était un bruit sourdement répandu. Voici ce qu'on dit de plus grave : Marc Antonin avait envoyé comme gouverneur en Syrie un certain Libon, son cousin germain paternel ; celui-ci montrait une arrogance peu convenable pour un sénateur respectueux : «J'écrirai, disait-il, à mes frères, si j'ai quelque chose qui m'embarrasse. »
Verus, lui-même en Syrie, était révolté de cette insolence. Tout à coup Libon tombe malade, avec quelques symptômes d'empoisonnement, et meurt. Or, quelques uns pensèrent, mais non pas Marc Antonin, que sa mort devait être attribuée à un ordre secret de Verus. Ce fait donna plus de consistance au bruit d'une mésintelligence entre les deux empereurs. Deux affranchis, Geminas el Agaclytus, eurent grand crédit auprès de Verus, comme nous l'avons dit dans la Vie de Marc Antonin ; il donna à Agaclytus, malgré Marc Antonin, la femme de Libon. Enfin Verus fit célébrer le mariage ; mais Marc Antonin n'assista pas au festin. Verus eut encore d'autres affranchis méprisables, tels que Codes, Eclectus, et autres. Marc Antonin, après la mort de son frère, les éloigna tous, sous prétexte de différentes missions ; il ne garda qu'Electus, qui plus tard tua son fils Commode. Marc Antonin ne voulait plus envoyer sans lui Lucius à là guerre, ni le laisser aller seul dans Rome, à cause de ses désordés ; ils partirent donc ensemble pour la guerre de Germanie, et allèrent à Aquilée. Ils franchirent les Alpes, Lucius à contre-coeur; car il passait le temps à Aquilée en promenades et en festins, pendant que son frère pourvoyait à tout. Nous avons parlé de cette guerre, et raconté en détail, dans la Vie de Marc Antonin, les ambassades des barbares pour demander la paix, et les opérations de nos généraux. Quand la guerre fut achevée en Pannonie, Lucius insista pour retourner à Aquilée ; car il regrettait les plaisirs de la ville. Il se mit en route pour Rome ; mais, non loin d'Altine, il fut frappé en voiture, de ce qu'on appelle une apoplexie. On le mit à terre pour lui tirer du sang ; puis on le conduisit à Altine, où il mourut, après être resté trois jours sans parler.

X. On prétendait qu'il avait commis un inceste avec sa belle-mère Faustina; on dit aussi que Faustina le fit mourir avec des huîtres empoisonnées, pour avoir fait confidence à la fille des liaisons qu'il avait eues avec la mère. Il y a cependant encore cette autre fable rapportée dans la Vie de Marc Antonin, et qui répugne fort au caractère de ce grand homme. Beaucoup mémei attribuent la mort de Verus à sa propre femme, parce que Verus aurait eu trop de faiblesse pour Fabia, dont la puissance portait ombrage aux épouses des deux empereurs. Il est certain qu'une grande intimité régnait entre Verus et sa soeur Fabia, au point de donner naissance à cet autre bruit, qu'ils avaient ensemble comploté la mort de Marc Antonin ; et le complot ayant été découvert à ce dernier par l'affranchi Agaclyte,
Faustina avait prévenu Verus, et l'avait fait tuer avant son retour. Verus était beau de corps; il avait la figure bourgeonnée, la barbe longue presque à la manière des barbares, la taille haute, le front un peu abaissé sur les sourcils et vénérable. Il avait, dit-on, un tel soin de sa chevelure blonde, qu'il semait sur sa tête de la limaille d'or, pour donner plus de brillant à la couleur de ses cheveux. Il avait la langue un peu embarrassée. Passionné pour le jeu, il mena toujours une vie de plaisir. Sous bien des rapports, c'était Néron, moins la cruauté et la manie de jouer en public. Il eut, entre autres objets de luxe, une coupe de cristal appelée Volucer, du nom de son cheval favori, et d'une capacité telle qu'un homme ne pouvait la vider.

XI. Il vécut quarante-deux ans. Il en régna onze avec son frère. Son corps fut porté dans le tombeau d'Adrien dans lequel avait été enseveli aussi son père naturel. On sait cette fable que repousse la vie de Marc Antonin, et suivant laquelle celui-ci aurait servi à Verus un morceau de truie qu'il avait coupé avec un couteau dont la lame était empoisonnée d'un côté. Mais il y a du sacrilège à penser cela de Marc Antonin, bien qu'on y soit autorisé par le caractère et la conduite de Verus. Du reste, je ne laisse point ce fait en question, je le déments au contraire, je le réfute, je le repousse complètement. Depuis Marc Antonin, si l'on excepte Votre Clémence, Dioclétien Auguste, un empereur semblable à lui, l'adulation elle-même semble avoir été impuissante à l'imaginer.

FIN DE L'OUVRAGE

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