Bataille de Cannes : 02 Aout 216 avant J.C.
Cette bataille se déroula lors de la Seconde Guerre Punique au cours de laquelle Hannibal envahit l’Italie. Malgré sa victoire, il savait qu’il ne prendrait jamais Rome ; il aurait seulement voulu que le monde connu de cette époque, soit persuadé de la supériorité de Carthage, il effaçait ainsi la défaite de la Première Guerre Punique. Il contourna la Ville et se dirigea vers le Sud-Est où il rencontra l’armée romaine près d’une petite cité d’Apulie (Pouilles) : Cannes.
---- carte provenant du site : http://voyagesenduo.com/italie/rome_antique_carthage.html

Elle eut lieu sur la rive droite du fleuve Aufide (Ofanto) qui se jette dans la mer Adriatique.
…à la bataille de Cannes, ayant remarqué que, par une circonstance que n'offre au même degré aucun autre fleuve, il s'élevait le matin, du Vulturne, un vent violent qui soulevait des nuages de poussière, rangea son armée de telle sorte qu'il avait à dos toute la force du vent, et que les Romains l'avaient aux yeux et dans le visage; ce qui les incommoda si fort, qu'Annibal remporta la mémorable victoire de ce nom. Frontin, Stratagèmes, II, 2, 7.
Comment connaissons-nous tous les détails de ce combat ? Grace à Polybe, otage grec, qui fréquenta le cercle des Scipion. Il put ainsi côtoyer deux survivants  de cet affrontement : le prince Massinissa et Gaius Laelius, il se serait servi, aussi, des écrits d’historiens carthaginois qui auraient passé du temps aux cotés d’Hannibal.
Celui-ci affronta les deux consuls romains de l’année : Lucius Aemilius Paulus, décrit comme étant un patricien et un homme prudent, il était le grand-père de Scipion Emilien, il avait déjà été consul trois ans auparavant  et son collègue de maintenant avait alors servi sous ses ordres durant la campagne d’Illyrie, l’autre était C. Terrentius Varro, homme nouveau, dépeint comme un démagogue issu des basses classes sociétales.
Son père avait été, dit-on, boucher, et détaillant en personne sa marchandise ; ce fils même, il l'avait employé à son métier servile. Tite Live, XXII, 25.
Ils eurent, tous deux, une destinée différente, Aemilius trouva la mort dans cette bataille, il était avec la cavalerie et fut blessé à la tête par un jet de fronde, incapable de remonter en selle, on suppose qu’il périt des suites de sa blessure, quant à Varron, il réussit à s’enfuir avec 10.000 hommes et trouva refuge à Venouse. Comment se passait le pouvoir entre eux, l’un était-il supérieur à l’autre ? Non, ils commandaient chacun leur tour, un jour sur deux ; au moment du combat, le commandement était dévolu à Varron
On vit s’affronter. 120.000 hommes. Les historiens anciens comme les modernes sont d’accord pour estimer à 86.000 hommes l’armée romaine qui était formée de 8 légions plus les troupes fournies par les alliés. Ils engagèrent entre 60.000 et 70.000 hommes, les autres devaient garder les deux camps légionnaires.
On ne connait pas exactement l’emplacement où se déroula le combat. Certains historiens pensent, en effet, que le cours de la rivière qui a vu s’affronter les deux armées a pu changer. Cette bataille marquai  un affrontement entre l’impérialisme romain et celui mené par Carthage. Elle fut certainement la plus grande de l’antiquité.
C’est la cavalerie qui fut à l’origine de la victoire punique, elle sut mener l’encerclement des troupes romaines, qui, elles, n’avaient que 6.000 cavaliers, et la moitié des légions était composée de nouvelles recrues qui n’avaient reçu qu’une rudimentaire instruction militaire  Il est à noter que les deux consuls qui menaient les armées romaines n’étaient pas d’accord entre eux sur la tactique à employer : Aemilianus considérait qu’il ne fallait pas combattre en terrain plat, c’était donner un gros avantage à la cavalerie ennemi pour se déployer. En plus autres signes pour ne pas combattre ce jour là, les Romains furent confrontés à toute une série de présages néfastes.
Au cours de cette bataille, la grande pensée d’Hannibal fut de faire maintenir en place son centre pendant que la cavalerie et l’infanterie lourde des Libyens, placées aux ailes, avançaient de façon à  ce que  les Romains soient encerclés. Il plaça ses hommes face à la mer (40.000 ou 50.000), au centre il mit une infanterie composée de soldats Ibères et Gaulois.
Les Espagnols et les Gaulois avaient le bouclier, mais leurs épées étaient fort différentes. Celle des premiers n'était pas moins propre à frapper d'estoc que de taille, au lieu que celle des Gaulois ne frappe que de taille, et à certaine distance. Ces troupes étaient rangées par sections alternativement, les Gaulois nus, les Espagnols couverts des chemises de lin couleur de pourpre, ce qui fut pour les Romains un spectacle extraordinaire qui les épouvanta. Polybe, III, 24.
        ----images provenant du site Wikipedia.
Ce sont ces troupes, au centre, qui subiront le principal assaut des Romains dont la tactique est, sans être une tactique, de se ruer sur ce qu’il y a devant. D’ailleurs, pour surveiller sa stratégie, Hannibal commandait le centre. Ce centre tint bon, il plia mais les troupes restèrent en bon ordre et résistèrent. Les ailes carthaginoises se rabattirent sur les Romains qui essayaient toujours d‘enfoncer le centre.
Les Romains combattaient toujours, et, faisant front à ceux dont ils étaient environnés, ils résistèrent tant qu'ils purent, mais les troupes qui étaient à la circonférence, diminuant de plus en plus, ils furent enfin resserrés dans un cercle plus étroit, et passés tous au fil de l'épée. Polybe, III, 24.
Comme les textes le dise : ce fut un massacre. Les Carthaginois voulaient tuer, voulaient du sang. Du coté romain, comme je l’ai dit, on voulait enfoncer le centre ennemi avant que la cavalerie carthaginoise, supérieure en nombre et surtout supérieure en valeur militaire, ne puisse intervenir. A la différence de la formation habituelle en échiquier, les consuls avaient fait serrer les rangs. Les manipules ne pouvaient plus manœuvrer.
Périrent dans cette bataille 29 tribuns militaires et 80 sénateurs, un tiers du Sénat avait voulu participer au combat. Les pertes carthaginoises furent minimes, Hannibal avait perdu 5700 hommes et avait fait 20.000 prisonniers. Après cette défaite, les alliés latins commencèrent de douter.
Passèrent aux Carthaginois les peuples que voici: les Atellani, les Calatini, les Hirpini, une partie des Apuliens, les Samnites à l'exception des Pentri, tous les Bruttii, les Lucaniens, en outre les Uzentini et presque toute la côte grecque, les Tarentins, les Métapontins, les gens de Crotone et de Locres, et tous les Gaulois cisalpins. Et pourtant ces malheurs, ces défections d'alliés n'ébranlèrent pas les Romains… Tite Live, XXII, 61.
Hannibal fut accusé par les siens de ne pas avoir profité de sa victoire.
Petite parenthèse : celui qui allait devenir Scipion l’Africain  pris part à ce combat en qualité de tribun.

sommaire