Délateur = Delator
Le mot vient du verbe « deferre » (porter d’un lieu élevé dans un autre plus bas, présenter, accorder, porter à la connaissance, annoncer, révéler – traduction du « Gaffiot »).  Ce nom commun désigne celui qui porte une accusation. Ce genre de personnage avait sa place dans une société qui ne connaissait pas le métier d’accusateur tel qu’il est exercé à notre époque. En fait, c’était un monde pour qui la fonction de Procureur de la République était totalement inconnue. 
On voit apparaitre la fonction de délateur à la fin de la République, il était là pour porter à la connaissance de la justice un acte délictueux. N’importe quel citoyen pouvait se glisser dans la peau du personnage, il était rétribué et ce n’est que sous l’Empire que la passion de l’argent créa de fausses accusations car la récompense du délateur venait de la fortune du condamné, surtout sous les empereurs que l’on pourrait qualifier de despotes, les autres tempérèrent les ardeurs de ces dénonciateurs tout en profitant, de façon dissimulée, de leurs accusations. A cette époque être « delator » devint un métier.

Ainsi l'on faisait un appel aux délateurs, et cette race d'hommes, née pour la ruine publique, et que nul châtiment ne réprima jamais assez, était encouragée par des récompenses. Tacite, Annales, 30.
Parmi les fléaux de l'époque, on comptait les délateurs et les suborneurs, reste impur de l'ancienne anarchie. Il ordonna qu'ils fussent fouettés et fustigés au milieu du Forum, et qu'après leur avoir fait traverser l'amphithéâtre, les uns fussent exposés et vendus comme esclaves, et les autres transportés dans les îles les plus sauvages. Suétone, Titus, 8.
---- Tableau de John William Waterhouse
Comme les textes le démontrent, le mot « delator » n’apparait que sous le principat, aux premières années du règne d’Auguste. Les temps troubles de cette époque aves les proscriptions amenèrent de nombreuses dénonciations qui furent payées généreusement  L’exemple le plus représentatif vient de la fin la République avec Catilina qui, avant de devenir l’homme politique que l’on connait, fut à la tête d’une bande qui était au service de Sylla et tuait les partisans de Marius qui étaient proscrits. Mais revenons à l’Empire, le « delator » agissait pour l’empereur, il recherchait les biens des gens qui devaient de l’argent au fisc, il les dénonçait et touchaient le quart des biens saisis (chiffre fixé par Néron). Le « delator » était favorisé par la loi de lèse-majesté qu’il invoquait à tout bout de champ pour justifier ses actions prétendant que l’empereur avait été sali par telle ou telle personne, ce dernier, souvent, condamnait son familier sans l’entendre et le « delator » touchait une partie de ses biens.
Il est juste de dire que certains empereurs n’écoutèrent pas ce genre de personnes bien qu’ils furent très satisfaits de leurs dénonciations, surtout en matière fiscale.

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