Fasces

Fasces:

Ce sont des baguettes liées ensemble en forme de cylindre contenant une hache en son centre dont seul le fer dépassait. Elles étaient portées par des licteurs devant les magistrats supérieurs de Rome, elles sont souvent représentées au revers des monnaies frappées sous la République. (Spanh. De Praest. et usu Numism. Vol II).

Elles étaient faites de branches de bois, du bouleau (Pline, H.N. XVI, 30) « Le bouleau est un arbre de la Gaule, très blanc et très élancé. Il figure dans les faisceaux redoutables des magistrats… » mais quelquefois aussi, on trouvait de l'orme. (Plaut. Asin. III, 2, 29, II, 3, 74). Elles sembleraient venir de Vetulonia, une cité d'Etrurie. (1)

Les rois avaient droit à douze faisceaux portés par douze licteurs (2), puis après l'expulsion de Tarquin, un des consuls fut précédé par douze portant faisceaux et haches dégagées tandis que l'autre en avait le même nombre mais seulement avec les faisceaux ou, selon certains, avec une couronne tout autour. (Dionys. V, 2)

P. Valerius Publicola, celui qui offrit à la nation le droit de provocatio, prescrivit que les haches seraient retirées des faisceaux et accorda à un seul des consuls d'être précédé par des licteurs pendant qu'ils étaient à Rome. (Cic. De Rep. II, 31-Val. Max. IV, 1, § 1) L'autre devait se contenter d'un simple accensus (appariteur). Lorsqu'ils étaient hors de la Ville et à la tête des armées, chacun retrouvait la hache dans les faisceaux et était précédé de ses propres licteurs. (Dion. V, 19-T L XXIV, 9 et XXVIII, 27)

Quand les décemvirs furent au pouvoir, ces faisceaux étaient portés devant celui qui présidait pour la décade.

" Tous les dix jours chaque décemvir rendait au peuple la justice. Et, durant cette présidence, il avait douze licteurs. Chacun de ses neuf collègues n'avait pour escorte qu'un seul appariteur. " Tite Live III, 33.

Et ce n'est qu'au second triumvirat lorsqu'ils commencèrent d'être tyranniques, que la hache fut portée devant chacun d'eux.

" Les premiers décemvirs avaient établi qu'un seul aurait les douze faisceaux, et cette marque de souveraineté royale passait à tour de rôle à chacun d'entre eux. Ceux-ci parurent tous ensemble, précédés chacun de douze faisceaux.  Cent vingt licteurs remplissaient le forum; ils portaient des haches attachées aux faisceaux, et le motif sur lequel s'appuyaient les décemvirs, pour ne point supprimer la hache, c'est qu'ils étaient revêtus d'un pouvoir sans appel. " Tite Live, III, 36

Faisceaux et haches étaient portés devant le dictateur, même dans la Ville, il était précédé de vingt quatre licteurs, le maître de cavalerie en avait six.

" Après l'élection du premier dictateur, quand on vit à Rome les haches portées devant lui, une grande terreur s'empara du peuple et le disposa à plus d'obéissance. "

Tite Live, II, 18.

Dans la Ville, les préteurs en avaient deux ; (Censorin, de die natali, 24-Cic., Agrar. II, 34) mais hors de Rome, à la tête d'une armée, ils en avaient six avec faisceaux et haches. (3)

Il était aussi permis aux proconsuls de se faire précéder de six faisceaux (Dig. 1 tit.16). Les tribuns de la plèbe, les édiles et les questeurs n'en avaient pas (Plut. Quaest. Rom. 81-Gell. XIII, 12) mais en province, ces derniers pouvaient y avoir droit (Cic. Pro Planc.41).

Les licteurs portaient les faisceaux sur leurs épaules comme on peut le voir sur une monnaie du temps de Brutus (image à la page " dictature ").

Lorsqu'un magistrat rencontrait un autre magistrat plus élevé que lui, les licteurs du premier abaissaient leurs fasces devant ce dernier, de là l'expression submiterre fasces dans le sens de confesser son infériorité. (Cic., de Rep., II, 31-Val. Max. IV, 1, § 1-Cic.Brut.6).

" Il convoque l'assemblée du peuple; puis ayant fait abaisser les faisceaux, il monte à la tribune. Ce fut un spectacle bien doux pour la multitude, que de voir les insignes du pouvoir souverain abaissés devant elle, puisque c'était avouer que la majesté et la puissance du peuple étaient supérieures à celles du consul. "

Tite Live, II, 7.

Quand un général avait remporté une victoire, il était salué du titre d' imperator par ses soldats et ses faisceaux étaient couronnés de lauriers. (Cic. Ad Att.VIII, 3§5, de div.I,28-Caes. Bell. Civ. II, 71)

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Ce texte a été librement traduit par mes soins du livre "A dictionary of Greek and Roman Antiquies" Londres 1875 de William Smith. La version anglo-saxonne est donnée sur le site de Lacus Curtius.

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Notes du rédacteur du site :

(1) Les Fasces étaient un symbole de l’autorité et étaient portés devant les magistrats revêtus de l’imperium.

(2) Origine : « … et persuadé que le plus sûr moyen de leur imprimer un caractère sacré aux yeux de ces hommes grossiers, c'était de se grandir lui-même par les marques extérieures du commandement, entre autres signes distinctifs qui relevaient sa dignité, il affecta de s'entourer de douze licteurs. On pense qu'il régla ce nombre sur celui des douze vautours qui lui avaient présagé l'empire; mais je partage volontiers le sentiment de ceux qui, retrouvant chez les Étrusques, nos voisins, l'idée première des appariteurs et de cette espèce d'officiers publics, comme celle des chaises curules et de la robe prétexte, pensent que c'est dans leurs coutumes qu'il faut rechercher aussi l'origine de ce nombre. Ils l'avaient adopté parce que les douze peuples qui concouraient à l'élection de leur souverain fournissaient chacun un licteur à son cortège. » Tite Live, I, 8.

(3) Les Vestales étaient aussi escortées par des licteurs, comme beaucoup d’autres traditions, celle-ci venait d’Etrurie.

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