Flavius Josephe

Flavius Josèphe : (37 après J.C. a vers 100 après J.C.) ou Yusseph ben Mattithyanou ou Joseph ben Mathias. Son nom ainsi orthographié (Josèphe), tel qu'on le connait de nos jours, vient d'un jésuite, le R.P. Hardouin, qui le modifia en 1701.

Il est né l’année de la mort de Tibère. Il est issu d’une famille fort riche qui possédait des terres dans les environs de Jérusalem et qui avait des liens très étroits avec la lignée royale et sacerdotale des Hasmonéens et des Macchabées. Il fit des études très poussées et couronné de succès. (il le dit lui-même dans son « autobiographie » quoique cette oeuvre soit un immense chant de gloire pour son image).

 A 19 ans, après avoir vu ce qu’étaient les idées des Esséniens, des Pharisien et des Sadducéens, il choisit de suivre la voie tracée par la secte répondant le plus à ses aspirations, c’est ainsi qu’il devint Pharisien. A 26 ans (63 après J.C.), il fut envoyé à Rome pour demander à Néron la libération de prêtres que le procurateur, Félix, avait fait arréter et conduire dans la capitale de l’Empire ; il dut à l’intervention de Popée le succès de sa mission. Il revint à Jérusalem en 64 après J.C. où un nouveau préfet de Judée, Florus, détenait le pouvoir au nom de l’empereur. Cet être, brutal et corrompu, fit tout pour pousser les Juifs à la révolte.

Et c’est ainsi que Josèphe se vit charger de mettre en état de défense la Galilée face aux Romains ; il a 29 ans et est hostile a une guerre contre eux. Pourtant il fit fortifier la région et réussit à lever une armée de 60.000 hommes ou de 100.000 hommes suivant les historiens. Pour gouverner la province, il mit en place un sanhédrin de 70 membres parmi lesquels furent choisis 7 personnes qui eurent le pouvoir exécutif, et bien entendu, il prit leur tête.

                                                                     Vespasien fut choisi par Néron pour commander aux armées d’Orient et il vint en Galilée. « …les Juifs se l'appliquèrent a eux-memes. Ils se révoltèrent, mirent à mort leur gouverneur, chassèrent le légat consulaire de Syrie qui venait à son secours, et lui enlevèrent son aigle. Pour apaiser ce soulèvement, il fallait une armée considérable et un chef intrépide qui, pût garantir le succès d'une expédition aussi importante. Vespasien fut choisi de préférence à tout autre, comme joignant à un talent éprouvé une naissance obscure et un nom dont on n'avait rien à redouter. Il renforça ses troupes de deux légions, de huit escadrons et de dix cohortes, prit son fils aîné au nombre de ses lieutenants, et, dès son arrivée, s'attira l'affection des provinces voisines, en rétablissant la discipline militaire ». Suétone, vie de Vespasien, IV.

Josèphe se rendit alors à Jotapat

« …voyant ensuite que les meilleurs combattants se réfugiaient constamment dans les places fortifiées par Josèphe, il (Vespasien) s'attaqua à la plus forte d'entre elles, Jotapata. Il comptait l'enlever sans peine…la plus forte place une fois tombée, la terreur soumettrait les autres. Cependant son espérance fut bien trompée…Les assiégés avaient abondance de blé et de toutes les autres choses nécessaires, le sel excepté, mais ils manquaient d'eau parce que, n'y ayant point de source dans la ville, les habitants  s’étaient réduits à l'eau de pluie : or, dans cette région, il pleut rarement pendant l'été, qui est précisément le temps où ils se trouvaient assiégés. A la pensée de la soif menaçante, un cruel découragement les prenait et déja ils s'indignaient comme si l'eau fût venue complètement à manquerbeaucoup des guerriers d'élite, groupés autour de Josèphe, résolurent-ils de se donner la mort : impuissants à tuer aucun des Romains, ils aimèrent mieux tomber sous leurs propres coups que sous ceux du vainqueur. Ils se retirèrent donc à l'extrémité de la ville, et là se jetèrent sur leurs épées…Cependant Josèphe, au moment meme de la prise de Jotapata, aidé sans doute de quelque secours divin, avait réussi à se dérober au travers des ennemis et s'était jeté dans une citerne profonde où s'embranchait par le côté une caverne spacieuse qu’on ne pouvait apercevoir d'en haut. Là, il rencontra quarante des plus nobles Juifs qui s'y étaient cachés avec des provisions suffisantes pour plusieurs jours. Pendant la journée, Josèphe resta dans sa cachette, par crainte des ennemis qui parcouraient toute la ville. La nuit, il sortait pour chercher quelque moyen de fuir et reconnaître les postes. Mais, comme les Romains se gardaient exactement de toutes parts, précisément a cause de lui, il ne trouvait aucun espoir de fuite et s'en retournait dans sa caverne. Deux jours se passèrent sans qu'on le découvrit ; le troisième jour, une femme de leur compagnie, qui avait été prise par les Romains, dénonça la cachette. Aussitôt Vespasien s'empressa d'y envoyer deux tribuns, Paulinus et Gallicanus, avec ordre d'engager sa foi envers Josèphe et de l'inviter à sortir…Par ces raisonnements et beaucoup d'autres Josèphe cherchait à détourner ses compagnons de l'idée du suicide. Mais le désespoir fermait leurs oreilles, comme celles d'hommes qui depuis longtemps s'étaient voués à la mort : ils s'exaspéraient donc contre lui, couraient ça et là l'épée à la main en lui reprochant sa lâcheté, et chacun semblait sur le point de le frapper…Josèphe, qui dans cet embarras ne perdit pas sa présence d'esprit, met alors sa confiance dans la protection de Dieu : « Puisque, dit-il, nous sommes résolus à mourir, remettons-nous en au sort pour décider l'ordre où nous devons nous entretuer : le premier que le hasard désignera tombera sous le coup du suivant et ainsi le sort marquera successivement les victimes et les meurtriers, nous dispensant d'attenter à notre vie de nos propres mains. Car il serait injuste qu'après que les autres se seraient tués il y en eût quelqu'un qui pût changer de sentiment et vouloir survivre »… A la fin, soit que le hasard, soit que la Providence divine l'ait ainsi voulu, Josèphe resta seul avec un autre : alors, également peu soucieux de soumettre sa vie au verdict du sort et, s'il restait le dernier, de souiller sa main du sang d'un compatriote, il sut persuader à cet homme d'accepter lui aussi la vie sauve sous la foi du serment.» Flavius Josèphe, Guerre des juifs, livre III.

pour diriger la défense de la deuxième ville de Galilée mais ses 40.000 combattants durent capituler au bout de 47 jours de siège à cause de la soif. Et là se place un incident particulier, Josèphe qui, avec 40 autres défenseurs, s’était caché pour échapper aux Romains fut dénoncé ; leur situation devenant désespérée, ils décidèrent de se suicider pour ne pas tomber vivant aux mains de leurs ennemis, mais il se débrouilla si bien qu’il resta le dernier et même demeura en vie. Il fut fait prisonnier par Vespasien à qui il se présenta comme un prophète et lui prédisit qu’il deviendra empereur, ce dernier lui garda la vie sauve. Pendant ce temps là à Jérusalem, tout le monde le croyait mort, les habitants de la ville prirent le deuil pour une période de trente jours pour honorer sa mémoire mais le peuple juif apprit bien vite qu’il était vivant  et libre, qu’il se trouvait dans l’entourage du général romain. Il fut instantanément maudit, haï de tous. Il servit, alors, d’intermédiaire entre les Romains et son peuple. Il fut aux cotés de Titus lorsque ce dernier mis le siège devant Jérusalem, pris la ville et la mit à sac ; on dit qu’il aida ses amis à rester en vie face à la fureur guerrière des Romains.

« L'oracle lui promit le commandement. En effet, il ne tarda pas à en etre investi, et il resta en Judée pour achever de la soumettre. Au dernier assaut de Jérusalem, il tua de douze coups de flèches douze défenseurs de la place, et la prit le jour de la naissance de sa fille. La joie et l'enthousiasme des soldats furent tels, que, dans leurs félicitations, ils le saluèrent "imperator". »  Suétone, vie de Titus, V.     

Le futur empereur lui octroya des terres en Palestine mais il préféra aller à Rome où Vespasien, qui régnait alors, lui fit don de la citoyenneté romaine, d’une pension annuelle de 100.000 sesterces et de sa propre maison qui ne lui servait plus maintenant qu’il avait le Palatin à sa disposition. D’ailleurs, il est a remarquer que son nom latin lui vient de la gens à laquelle appartenait l’empereur Vespasien suivant les coutumes de l’époque pour la tria nomina.

                                                                     Il fut marié plusieurs fois. De sa première femme, on ne sait rien ; de sa seconde, on sait qu’elle était native d’Alexandrie et qu’il en eut trois enfants, il la répudia pour une raison de moeurs ; il se remaria avec une femme juive originaire de la Crête, il en eut deux enfants.

                                                                     Il devint écrivain lors de sa venue à Rome. Quatre ouvrages de sa main nous sont connus :

- « Antiquités judaïques »  

- « Guerre des Juifs »

- une « Autobiographie »

- « Contre Appion »

On lui a également attribué un autre livre : « de l’Empire de la Raison », un traité de philosophie, mais cette paternité est toute hypothétique. Toute son oeuvre fut ignorée des Juifs de son époque et c’est seulement au X ème siècle qu’un Juif d’Italie écrivit une histoire du peuple hébraïque où apparut le nom de Flavius Josèphe. Puis grâce à l’invention de l’imprimerie, on put voir la première édition en langue française qui fut celle de Bourgoing en 1558 à Lyon.

                                                                     La « Guerre des Juifs »  (de Bello Judaïco) qui est son premier écrit est l’histoire en 7 livres du soulèvement de la Judée contre l’occupant romain en 66 après J.C. et les années suivantes, il va aussi décrire dans cet ouvrage la prise et le sac de Jérusalem par Titus, en 70 après J.C. Il nota en araméen puis se fit traduire en grec, enfin ainsi, la parution put se faire entre 75 après J.C. et 79 après J.C., le grec était une langue qu’il parlait à la perfection mais qu’il n’écrivait pas. Ce livre traite en particulier de la prise de Massada tellement connue de nos jours grâce au téléfilm de Boris Segal avec Peter O’Toole en vedette principale.

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                                                                     Ensuite vint son deuxième livre historique : « les Antiquités Judaïques » qui fut écrit pendant le règne de Domitien et fut terminé en 94 après J.C. Il comprenait 20 volumes. Sous sa forme primitive qui fut composée en araméen, il ne fut jamais publié. C’est sa version grecque qui le fut. Il allait du commencement du monde jusqu’au gouvernement de Gessius Florus (64 après J.C.). C’est en fait un résumé de la Bible qui devait servir aux non juifs pour connaître les Juifs. Ce texte qui fut tant lu jusqu’au Moyen Age connu une disparition totale jusqu’au XVIème siècle où des bibliophiles passionnés d’Histoire ancienne le tirèrent de l’oubli. Il fut remis au goût du jour surtout pour un passage appelé Testimonium Flavianum où Josèphe parle du Christ, ailleurs, il évoquera Jacques, le frère de Jésus (Ant.Jud., XX, 197-203.)

« Il convoqua les juges du Sanhédrin et traduisit devant eux le frère de Jésus appelé le Christ – son nom était Jacques – en même temps que d’autres. Il les accusa d’avoir transgressé la Loi et les livra pour qu’ils soient lapidés … »

Testimonium Flavianum :

Vers ces temps la un homme sage est né, s'il faut l'appeler un homme. Il accomplissait notamment des actes étonnants et est devenu un maître pour des gens qui acceptaient la vérité avec enthousiasme. Et il est parvenu à convaincre beaucoup de juifs et de grecs. Le Christ c'était lui. Et quand, par suite de l'accusation de la part des gens notables parmi nous, il avait été condamné par Pilate à être crucifié, ceux qui l'avaient aimé dès le début n'ont pas cessé. Il leur est apparu le troisième jour de nouveau vivant selon les paroles des divins prophètes qui racontent ceci et mille autres merveilles à son sujet. Et jusqu'aujourd'hui le peuple qui s'appelle chrétien d'après lui n'a pas disparu. XVIII, 63-64.

L’authenticité du texte fut contestée dès le XVIème siècle. De tout temps, ce petit passage fut remis en cause, il fit l’objet d’interminables discussions : le doute était présent. On n’en trouve nulle trace chez Origène qui ne le cite pas dans son « Contre Celsius » pourtant il était prompte à utiliser tous les arguments pour faire l’éloge du Christianisme tandis qu’on le trouve dans l’exemplaire qu’avait Eusèbe de Césarée. On peut en déduire, c’est une des multiples hypothèses, qu’un moine copiste fit preuve de zèle, ce passage aurait donc été interpolé entre l’époque d’Origène (IIIème siècle après J.C.) et celle d’Eusèbe de Césarée (IVème siècle après J.C.) C’est une des possibilités. On peut en lire une autre sur le site : http://christianisme.homily-service.net/flavius.html Il y a eu manipulations mais à quelle date, nul ne le sait. De nos jours, un savant israélien, Shlomo Pines de l’université de Jérusalem, a essayé de reconstituer une version possible mais avec quels éléments, peut-être grâce à un texte arabe (« Histoire Universelle ») de l’évêque Agapios écrit au X ème siècle, personne ne le raconte pas. Ce qui fait dire que ce passage a été modifié est que pour parler de Jésus en tant que Messie, il fallait être chrétien ors nous savons par Origène que Josèphe ne l’a jamais été. Il était d’une lignée de prêtres hébraïques et a toujours voulu démontrer la supériorité de la religion de Moïse sur les autres.

                                                                     Puis, il écrivit le « Contre Apion » dont le titre exact est « De l’Antiquité du Peuple Juif ». Ce livre est en fait une continuité des « Antiquités Juives ». Il est constitué de deux volumes et c’est une justification des traditions juives dans un monde romain qui fut antisémite.

« J'ai déja suffisamment montré, je pense, très puissant Epaphrodite, par mon histoire ancienne, à ceux qui la liront, et la très haute antiquité de notre race juive, et l'originalité de son noyau primitif, et la manière dont elle s'est établie dans le pays que nous occupons aujourd'hui ; en effet 5 000 ans sont compris dans l'histoire que j'ai racontée en grec d'après nos Livres sacrés. » Livre, 1.

« Mais puisque je vois bon nombre d'esprits, s'attachant aux calomnies haineuses répandues par certaines gens, ne point ajouter foi aux récits de mon Histoire ancienne et alléguer pour preuve de l'origine assez récente de notre race que les historiens grecs célèbres ne l'ont jugée digne d'aucune mention, j'ai cru devoir traiter brièvement tous ces points afin de confondre la malveillance et les mensonges volontaires de nos détracteurs, redresser l'ignorance des autres, et instruire tous ceux qui veulent savoir la vérité sur l'ancienneté de notre race. » Livre, 1.

 Apion était un fin lettré, natif d’Alexandrie, ayant vécu à l’époque de Tibère et de Caligula qui avait formulé des critiques nombreuses contre elles, il était grammairien et historien égyptien,

« Les calomnies à notre adresse vinrent d'abord des Égyptiens, puis, dans l'intention de leur être agréables, certains auteurs entreprirent d'altérer la vérité; ils n'avouèrent pas l'arrivée de nos ancetres en Egypte telle qu'elle eut lieu, ni ne racontèrent sincèrement la façon dont ils en sortirent. »  Livre XXV.

 il avait rédigé une histoire de son pays plus un traité contre la religion juive 

 « …combattre le grammairien Apion;  car dans ses écrits, tantôt il répète les mêmes allégations que ses prédécesseurs, tantôt il ajoute de très froides inventions ; le plus souvent ses propos sont purement bouffons et, à dire vrai, témoignent d'une profonde ignorance, comme émanant d'un homme au caractère bas et qui toute sa vie fut un bateleur…j'ai cru nécessaire de ne point laisser sans examen même cet auteur, qui a écrit contre nous un réquisitoire formel comme dans un procès. » Livre II.

où il inventait de multiples fables comme le fait d’engraisser un Grec pour l’immoler, il reprit tous les « on dit » égyptiens sur les Juifs. Mais il n’apparaît que dans le deuxième volume de l’oeuvre de Josèphe. N’oublions pas qu’à cette époque la majorité de la population d’Alexandrie était grecque.

                                                                     Et enfin, il produisit sa dernière oeuvre, son « autobiographie ». Ce livre, à part de manifester une immense satisfaction de soi, est rédigé contre un certain Juste de Tibériade, son ennemi depuis très longtemps. Il prend soin de se justifier d’avoir choisi le camp romain et en quelque sorte d’avoir trahi son peuple. Il se vante beaucoup et met en relief le courage de sa conduite.

                                                                     Et puis, après 100 après J.C., on n’entend plus parler de lui, on peut penser que vers cette date il mourut.

                               

Orientation bibliophilique pour Flavius Josèphe :

---> Livre de Mireille Hadas-Lebel, sous titré : « Le Juif de Rome »

---> Livre de Serge Bardet.

 

---> »La Guerre des Juifs ». A voir dans cette édition pour l’introduction de Pierre Vidal Naquet.

Et aussi, sur ce site une traduction de René Harmand, 1911.ICI

 

 

A voir sur Internet : http://users.skynet.be/sky50779/flavius.htm (Français et anglais)

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