Haruspices:

--- à tiré de …

C'étaient des voyants ou des devins qui déchiffraient la volonté des dieux. Ils venaient d'Etrurie d'où souvent les Romains les avaient demandés pour officier dans les occasions importantes. (Cic. De div., II, 4 ; Cat.III, 8)

« On conjura l'effet de ces prodiges par le sacrifice de victimes adultes, et il y eut, sur un décret des pontifes, un jour de prières publiques…qu'à Frusino était né un enfant aussi gros qu'un enfant de quatre ans, et moins étonnant encore par sa grosseur que parce qu'on ne savait (comme pour l'enfant né à Sinuessa deux ans avant) s'il était garçon ou fille. Cette fois, les haruspices mandés d'Étrurie dirent que c'était un prodige funeste et honteux: hors du territoire romain, loin de tout contact avec la terre, il fallait noyer cet enfant en haute mer. On l'enferma vivant dans une caisse, on l'emporta en mer et on le jeta dans les flots. » Tite Live, XXVII, 37.

La façon de pratiquer ressemblait beaucoup à celle des Augures mais ils n'eurent jamais la même importance politique, on les considéraient plutôt comme étant là pour exprimer les désirs des dieux que pour posséder la moindre parcelle de pouvoir religieux. Ils n'ont jamais eu la moindre autorité sur la vie de l'Etat romain. On ne les a jamais appelés « prêtre » ( sacerdotes ), ils ne se sont jamais assemblés en collège ( colegium) et ils n'eurent jamais un « supérieur » ( magister ) à leur tête. Le passage où Denis d'Halicarnasse raconte que c'est Romulus qui les institua et qu'il en prit un dans chaque tribu est en opposition à tout ce qu'a pu être dit par des gens autorisés.

« En outre, Romulus ordonna qu'un devin de chaque tribu soit présent aux sacrifices. Ce devin nous l'appelons hieroskopos, et les Romains, conservant quelque chose du nom antique, haruspex. Il fit également une loi qui prescrivait que tous les prêtres et ministres des dieux devaient être choisis par les curies et que leur élection devait être confirmée par ceux qui interprètent la volonté des dieux par l'art de la divination. » Denis d'Halicarnasse, II, 22.

A l'époque impériale, on a pu parler d'un collège de 60 haruspices (Orelli, Inscr. I, p.399) mais l'époque où cette institution fut créée reste du domaine de l'incertitude.

On peut supposer qu'un tel collège existait du temps de Cicéron puisqu'il parle d'un summus magister  : « César lui-même, alors que le chef des haruspices… » De Div. II, 24 ; mais, probablement, il ne faut pas interpréter ces mots par magister collegii mais plus simplement par « le plus fameux des haruspices du moment ».

La technique des haruspices était appelée haruspicia , elle se voulait une explication et une interprétation de la volonté des dieux par l'examen minutieux des entrailles ( exta ) des animaux offerts en sacrifice, parfois ils étaient nommés extispices et leur art extispicium (Cic. De Div. II, 11 ; Suet., Néron, 56.) et par aussi des phénomènes extra-normaux comme la foudre ou les tremblements de terre ( portenta ) (Val. Max. I, 1.).

On raconte que cette pseudo science aurait été inventée par un Etrusque qui portait le nom de Tages .

« Tagès alors parla longuement devant un nombreux auditoire, on recueillit toutes ses paroles et on les mit par écrit. C'est ce discours qui contenait les règles de l'haruspicine… » Cic. De Div., II, 23.

TAGES. On dit que Tagès, fils de Genius, petit-fils de Jupiter, donna, encore enfant, la science de l'aruspice aux douze peuples d'Etrurie. FESTUS

et aurait été contenue dans des livres : libri haruspicini fulgurales tonitruales  : « Tantôt l'art dont il s'agit est contenu dans des écrits qui en énoncent les règles, tels les livres étrusques sur l'haruspicine… » Cic. De Div., I, 33. (Macrobe, III, 7.).

Cette sorte de divination fut jugé tellement importante par les Romains que le Sénat décréta qu'un certain nombre de jeunes Etrusques appartenant aux principales familles de l'Etat serait instruit dans cet art, Niebhur semble s'être trompé en pensant que ce passage qui vient de Cicéron se rapportait aux familles romaines. Cette auguste assemblée consultait les haruspices comme le faisait des personnes privées. (Cic. De Div., I, 43 ; II, 35 ; II, 29 ; Tite Live XXVII, 37). En d'autres temps, ces interprétations tomberaient dans le discrédit le plus complet chez les gens cultivés. Cicéron rapporte les propos de Caton qui disait que lorsqu'un haruspice en croisait un autre, tous deux ne pouvaient s'empêcher de rire (Cic.De Div. II, 24.). L'empereur Claude tenta de ranimer la flamme d'une pratique tombée en désuétude ; le Sénat, voulant marquer son asservissement à l'empereur, rendit un décret ordonnant aux pontifes d'examiner ce qui devait être conservé de cet art.

« Il (Claude) appela ensuite la délibération du sénat sur le collège des aruspices. "Il ne fallait pas, disait-il, laisser périr par négligence le plus ancien des arts cultivés en Italie. Souvent, dans les calamités publiques, on y avait eu recours ; et les cérémonies sacrées, rétablies à la voix des aruspices, avaient été plus religieusement observées. Les premières familles d'Etrurie, soit d'elles-mêmes, soit par le conseil du sénat romain, avaient gardé et transmis à leurs descendants le dépôt de cette science ; zèle bien refroidi maintenant par l'indifférence du sicle pour les connaissances utiles, et par l'invasion des superstitions étrangères…Un sénatus-consulte chargea les pontifes de juger ce qu'il fallait conserver et affermir dans l'institution des aruspices. » Tacite, Annales, XI, 15.

Le nom d' haruspex est parfois donné aux voyants ou prophètes (Prop. II, 13, 59.) tandis que Juvénal parle d' Armerius vel Commagenus haruspex . (VII, 550.).

La dernière syllabe du mot haruspex contient la racine spec  ; Donatus (ad Ter. Phorm. IV, 4, 28) fait dériver ce mot de haruga  : la victime.

HARVIGA . On appelait ainsi la victime dont on consultait les entrailles encore adhérentes. Festus.

et Varron, de ling. Lat V, 98.

Ce texte a été librement traduit par mes soins du livre "A dictionary of Greek and Roman Antiquies" Londres 1875 de William Smith. La version anglo-saxonne est donnée sur le site de Lacus Curtius.

Tous les passages produits sont dus au rédacteur du site. Smith s'étant contenté d'inclure dans ses textes des références à des auteurs.