Julie ou Julia : fille d'Auguste. 39 avant J.C. ; 14 après J.C.

Elle fut la seule fille qu'eut Auguste, en fait le seul enfant, donc sa seule descendance. Sa mère se nommait Scribonia et était la seconde femme du futur empereur. Avant elle, il y eut Clodia, fille du tribun de la plèbe Clodius et de Fulvia   : « Dans son adolescence, il avait été fiancé à la fille de P. Servilius Isauricus. Mais, après la réconciliation qui suivit ses premiers différends avec Antoine, cédant aux instances des deux partis qui voulaient une alliance entre leurs chefs, il épousa la belle-fille d'Antoine, Claudia, que Fulvie avait eue de P. Clodius, et qui était à peine nubile. Cependant s'étant brouillé avec Fulvie, il la répudia encore vierge, pour épouser Scribonia, veuve de deux hommes consulaires, et qui avait des enfants du second. » Suétone, Auguste, LXII.

Sa mère était la sœur de Lucius Scribonius Libo, beau-père de Sextus Pompée. Leur mariage fut essentiellement politique, elle était plus âgée qu'Octave-Auguste, avait des mœurs très libres, lui, avait besoin de se rapprocher du fils de Pompée. La petite histoire dit qu'en plus de ne pas en être à son premier mariage, elle était laide et avait un caractère très difficile à supporter.

Sa fille, malheureusement ne fut qu'un instrument aux mains d'Auguste, elle ne servit qu'à asseoir ses prétentions dynastiques, ses désirs de descendance pour créer une lignée qui serait à la tête de Rome.

---> Gabriel Rosetti, 1864.

Et c'est ainsi qu'à 14 ans, elle épousa Marcellus , son cousin, qui était son aîné de seulement 4 ans. Ce dernier était le fils de la sœur d'Octave-Auguste, Octavie. Elle l'épousa en 25 avant J.C., ils avaient été élevés ensemble dans la maison d'Auguste qui était un véritable « centre sociale » tant il y avait de monde. Malheureusement, il décéda, jeune, à Baïes au bout de 2 ans de mariage d'un mal foudroyant ; Auguste qui avait voulu en faire son héritier fut cruellement atteint par cette disparition. Il ne resta de ce garçon que le souvenir illustré par un théâtre que le princeps inaugura 10 ans après sa mort.

« Marcus Marcellus mourut. Il était le fils d'Octavie, soeur d'Auguste. Tous pensaient que s'il arrivait quelque malheur à César, il hériterait de sa puissance… Quand il mourut tout jeune, il venait de donner comme édile les plus magnifiques spectacles. Il était, disait-on, naturellement vertueux, enjoué d'esprit et de caractère, digne enfin de la fortune à laquelle on le destinait. » Velleius Paterculus, II, 93.

Après Marcellus, elle fut contrainte d'épouser un grand ami de son père : Agrippa ; elle était jeune, il avait 42 ans. Elle eut, de ce mariage, 5 enfants dont Caius et Lucius qui devaient succéder à Auguste. Ces deux furent « princes de la jeunesse », ils furent adoptés par leur grand-père qui les fit élever dans sa maison après les avoir achetés fictivement à leur père, Agrippa. Du coté des filles, elle donna naissance, en 15 avant J.C., à Agrippine l'Ancienne qui fut l'épouse de Germanicus et la mère d'Agrippine la Jeune qui donna Néron à Rome (Caligula disait que sa mère, Agrippine l'Ancienne, avait été le fruit d'un inceste entre Auguste et sa fille : «  Il disait hautement que sa mère était née d'un inceste d'Auguste avec sa fille Julie, et non content de calomnier ainsi la mémoire d'Auguste… » Suétone, Caligula, 23 ). Et en 19 avant J.C., elle conçut une autre Julie, Julie la Jeune , qui suivra ses traces sur les chemins de la débauche, devant ses débordements, son grand-père la fera exiler, mais revenons à la mère. Elle aura un autre fils, Agrippa Postumus qui naîtra, comme son surnom l'indique, après la mort de son père. En désespoir de causes, devant l'échatombe que connaît sa famille, Auguste l'adoptera en même temps que Tibère. Pour des raisons qui restent à préciser, encore maintenant, il sera emprisonné sur l'île de Pianosa entre corse et Italie. Il y périra dès le décès de son grand-père : «  Elle (Livie) avait tellement subjugué la vieillesse d'Auguste, qu'il jeta sans pitié dans l'île de Planasie son unique petit-fils, Agrippa Postumus, jeune homme, il est vrai, d'une ignorance grossière et stupidement orgueilleux de la force de son corps, mais qui n'était convaincu d'aucune action condamnable. » Tacite, Annales, I, 3.

Son besoin d'importance conjugué avec la mainmise qu'avait Auguste sur elle, surtout pour les affaires matrimoniales, peut-être un certain atavisme (sa mère n'était pas des plus fidèles, Auguste était réputé pour aimer les activités sexuelles), la vue des autres matrones qui agissaient librement mais cette liberté lui était refusé, firent qu'elle menât une vie dissolue, à tel point que les mauvaises langues disaient que son père avait tellement de doutes sur la fidélité conjugale de sa fille qu'il faisait toujours vérifier la ressemblance de ses petits enfants avec leur père. Mais elle était très aimée du peuple de Rome, des peuples de l'empire, vers les années 10 avant J.C., fleurissaient des statuts qui la représentaient accompagnée de ses enfants.

Et puis le malheur frappa une nouvelle fois. En 12 avant J.C., Agrippa décéda, elle n'avait que 27 ans. A peine un an après le décès de son mari, elle fut obligée d'épouser Tibère qui fut contraint, pour cela, de divorcer d'une femme qu'il aimait : Vipsania Agrippina

« Il épousa Agrippine, fille de Marcus Agrippa, et petite-fille de Caecilius Atticus, chevalier romain, à qui Cicéron a adressé des lettres. Il en avait eu déjà son fils Drusus, lorsqu'il se vit obligé, quoiqu'elle fût irréprochable et enceinte pour la seconde fois, de la répudier, et d'épouser sur-le-champ Julie, fille d'Auguste. Il en ressentit d'autant plus de chagrin, qu'il aimait Agrippine et n'estimait point Julie…Il regretta vivement Agrippine… » Suétone, Tibère, VII.

Elle en eut un fils, très tôt décédé «  Il vécut d'abord en assez bonne intelligence avec Julie; mais bientôt il s'en éloigna d'une manière si sensible, qu'après avoir perdu au berceau le gage de leur amour, leur fils né à Aquilée, il coucha toujours à part. » Suétone, Tibère, VII. Elle continua de mener une vie dissolue. Elle complota même contre son mari ; elle fit écrire par son amant du moment, Gracchus, une lettre qui impliquait Tibère et fit parvenir la missive à la connaissance de son père.

"Son amour obstiné (de Gracchus) la suivit dans la maison de Tibère, et il aigrissait contre ce nouvel époux son orgueil et sa haine. Une lettre injurieuse pour Tibère, qu'elle écrivit à Auguste, fut même regardée comme l'ouvrage de Gracchus. Relégué en conséquence dans l'île de Cercine, sur les côtes d'Afrique, il y endurait depuis quatorze ans les rigueurs de l'exil." Tacite, Annales. I.

Et en 2 avant J.C., son père, Auguste, fut fatigué d'entendre parler des frasques de sa fille, il la fit exiler sur l'île de Pandateria (Ventotene) au large de la Campanie. En 4 après J.C., elle reçut la permission de s'installer à Rhégium (Reggio de Calabre), Scribonia , sa mère, vint partager son exil.

Sa fin demeure un mystère. Elle mourut quelques semaines après son père. Une rumeur prétendit que son troisième mari, Tibère, la fit périr. Par testament, Auguste avait formellement interdit que ses cendres soient transférées dans le mausolée qu'il s'était fait bâtir.

bibliographie :

de Catherine Salles

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