La médecine :

Au début de l'essor de Rome, la médecine était inconnue ; on essayait de soigner les gens grâce à des plantes curatives dont on connaissait les vertus par expérience. La médecine populaire s'apparentait beaucoup à la magie, on invoquait les dieux guérisseurs. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à voir les dédicaces de remerciements à Esculape dans l'île tibérine. On faisait appel, aussi, à la sorcellerie, les gens se servaient de charmes, d'incantations et de paroles incompréhensibles qui se voulaient magiques.

Les médecins étaient des Grecs, Caton qui représentait une certaine mentalité rétrograde romaine interdisait à son fils de faire appel à eux et très rares étaient ceux qui étaient de vrais Romains. Ils étaient presque tous des étrangers et c'est seulement en 46 avant J.C. que César leur donna le droit de cité ; bien que Sylla soit tenté par une loi, vite tombée dans l'oubli, de réguler leurs sciences. Ces médecins étaient très souvent des esclaves ou des affranchis. A l'époque républicaine, on peut parler d'esclaves-médecins : les familles aisées en avaient un dans leurs demeures ainsi que dans les grandes propriétés agricoles. Là un emplacement spécial ( valetudinarium ) les accueillait lorsqu'ils étaient au bord de la mort et qu'ils ne pouvaient plus rapporter quoique ce soit à leur maître, ils étaient aidés et soignés par d'autres esclaves.

Au début de Rome, lorsque la médecine était empirique, il était de coutume que les convalescents aillent au temple de la Fièvre (haut du vicus longus ) pour écrire ou raconter comment ils avaient été guéris. On retombe dans la médecine empirique. L'Antiquité connaissait très mal les organes du corps humain. La dissection qui est la base de la médecine était très rare (elle a même été interdite suivant les époques), d'ailleurs Celse en contestait l'utilité, on lui substituait le démembrement de corps d'animaux.

Cette médecine a débuté par des soins à base de plantes. Le monde gréco-romain en connaissait environ 600. La pharmacopée était composée essentiellement d'herbes et était totalement libre à la vente. La plante ou la préparation herbeuse la plus connue était la Laserpitium , les Anciens employaient aussi beaucoup le Castoreum (sécrétion des glandes sexuelles du castor).

nous allons parler du laserpitium, plante très fameuse, que les Grecs nomment iphion, et production de la province Cyrénaïque le suc s'appelle laser; il est en vogue pour différents usages et pour la pharmacie… Il croît encore sur le mont Parnasse, en abondance, une plante que quelques uns nomment laserpitium). Toutes ces espèces servent à falsifier une production reconnue pour très salutaire et très utile; mais le vrai laserpitium se distingue aux signes suivants: la couleur en est légèrement rousse; quand on le casse, il paraît blanc à l'intérieur et transparent; il se fond dans l'eau et la salive. Il entre dans beaucoup de médicaments. Pline l'Ancien, H.N. livre XIX, 15 et16.

Le monde végétal était celui à qui on faisait appel pour calmer ou pour soigner. L'empereur Claude s'y intéressa ; il rendit un édit qui recommandait la sève d'if contre les morsures de vipère :

Dans un seul jour il publia vingt édits, parmi lesquels il s'en trouvait un qui conseillait…le suc des ifs comme un remède souverain contre la morsure des vipères. Suétone, Claude, 16.

C'est seulement au III ° s. avant J.C. que la médecine scientifique fit son apparition. Le premier médecin à avoir une grande réputation fut ARCHAGATUS qui arrivait du Péloponnèse, certainement un protégé de Scipion. On peut noter aussi ASCLEPIADE, il forma le thérapeute d'Auguste et il fonda une école privée qui enseignait son art. Il ne faut pas oublier les plus célèbres, CELSE qui écrivit un « De Arte Medica » mais qui n'est qu'un livre d'une plus vaste encyclopédie et GALIEN, le plus connu, qui débuta sa carrière comme praticien du Ludus (école de gladiateurs) de Pergame, il sera le père de la pharmacie (les pharmaciens, de nos jours, prononcent « le serment de Galien ») il va devenir le médecin personnel de Marc Aurèle. Ces étrangers inspiraient la méfiance mais en même temps eurent un si grand succès qu'ils furent immensément riches.

Les Romains ne leur ont jamais demandé d'être des gens diplômés contrairement à notre époque. Tout un chacun pouvait exercer cette profession. Sa réglementation n'arriva que tardivement. En effet, ce n'est qu'au IV siècle après J.C. que des médecins d'Etat, un peu comme nos praticiens de l'assistance publique, furent instaurés pour soigner les plus pauvres, un par régions instaurées par Auguste (14 région). Et ce n'est que vers 230 après J.C. que l'on est certain qu'il existait une sorte de Faculté de Médecine.

La médecine romaine portait une attention importante à la bonne digestion. Bien digérer était essentiel à la bonne santé. Pour les Romains, une mauvaise hygiène alimentaire était synonyme de « mœurs dépravés ».

L'épigraphie nous montre l'existence de médecins militaires ( medicus miles, medicus clinicus cohortes ou medicus castrensis ). Déjà, aux temps de Cicéron, la médecine militaire avait fait son apparition. Dans un camp légionnaire, il existait des tentes spéciales destinées aux malades et aux blessés juste à coté de la porte prétorienne, à sa gauche. Il faut remarquer qu'aux temps des guerres puniques, rien ne devait exister car Polybe, dans sa description d'un camp de l'armée romaine, n'en parle pas.

A la fin de la République et dans les années qui suivront, on peut noter une corrélation étroite entre médecine et philosophie (voir à ce sujet Cicéron dans tous ses dialogues philosophiques). Mais pour illustrer ces dires, je citerai le maître le plus connu de tous : Galien :

Que manque-t-il donc encore, pour être philosophe, au médecin qui cultive dignement l'art d'Hippocrate ? Pour connaître la nature du corps, les différences des maladies, les indications thérapeutiques, il doit être exercé dans la science logique ; pour s'appliquer avec ardeur à ces recherches, il doit mépriser l'argent et pratiquer la tempérance ; il possède donc toutes les parties de la philosophie, la logique, la physique et l'éthique Ainsi le philosophe possède nécessairement les autres vertus, car toutes se tiennent, et il n'est pas possible d'en posséder une quelconque sans que les autres suivent, comme si elles étaient enchaînées par un lien commun. S1!! est vrai que la philosophie soit nécessaire au médecin et quand il commence l'étude de son art, et quand il se livre à la pratique, n'est-il pas évident que le vrai médecin est philosophe? Car il n'est pas besoin, je pense, d'établir par une démonstration qu'il faut de la philosophie pour exercer honorablement la médecine, lorsqu'on voit que tant de gens cupides sont plutôt des vendeurs de drogues que de véritables médecins, et pratiquent dans un but tout opposé à celui vers lequel l'art doit tendre naturellement.

 

 

A lire  : --- La médecine à Rome par Jean-Marie André, Tallandier, 2006.

 

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