Bataille de Philippes: octobre 42 avant J.C.

Cette bataille va mettre aux prises deux hommes du second triumvirat, Antoine et Octave, et les assassins de J. César, Cassius et son beau frère Brutus. Ce combat va se dérouler en Grèce, plus précisément en Macédoine orientale, dans une plaine bordée de marécages, devant la ville de Philippes.

--- image provenant du site « Wikipedia ».

L'engagement va se dérouler en deux épisodes, distant l'un de l'autre de 3 semaines. Cassius et Brutus représentaient le seul espoir que l'empire romain demeura une République. Mais pourquoi l'Orient et la Grèce , pourquoi sont ils allés si loin ? Parce que le peuple de Rome est loin de leur être favorable, eux qui ont abattu leur idole. Le Sénat est une girouette qui écoute et loue les actions des trois hommes du triumvirat ou bien approuve les actes de ces Républicains, lui qui les a nommé dans les provinces d'Orient où ils peuvent trouver des troupes. Avant la bataille, ils se sont séparés mais vont se retrouver à Smyrne. Mais leurs soldats, pour la majorité, sont composés d'hommes qui se sont battus aux cotés de César en Gaules ce qui va expliquer de nombreuses désertions vers le camp d'Antoine.

Antoine est le premier à être arrivé en Macédoine. Pour y venir plus vite, il s'est séparé de son intendance qui va lui faire cruellement défaut mais il parviendra le premier, avant Octave qui se dit malade et s'est retiré à Dyrrachium (ville d'Albanie, sur les cotes de la mer Adriatique). Il va attendre, toutefois, les légions du futur empereur pour entreprendre quoi que ce soit. Durant cette attente, il va se fortifier comme il peut sur un terrain dont les Républicains ont occupé les meilleurs endroits ; pour lui, il ne reste plus qu'une zone marécageuse. Les forces en présence sont considérables, à peu près 100.000 hommes. Les triumvirs ont 20 légions à leur disposition contre 19 pour les Républicains, par contre, il dispose d'une importante cavalerie.

« …ils firent la revue de leurs troupes. Elles étaient au nombre de dix-neuf légions en tout; savoir, huit de Brutus, neuf de Cassius, dont aucune, à la vérité, n'était au complet ; unis il y avait en outre deux légions auxquelles il ne manquait pas un seul homme ; ce qui formait, à peu près, un total de quatre-vingt mille fantassins. Ils avaient, en cavalerie, savoir, Brutus, quatre mille Gaulois ou Lusitaniens, trois mille Thraces ou Illyriens, deux mille Parthéniens ou Thessaliens ; et Cassius, deux mille tant Ibériens que Gaulois, et quatre mille archers à cheval, soit Arabes, soit Mèdes, soit Parthes. A ces forces étaient joints, comme auxiliaires, les rois et les tétrarques de la Gallogrèce qui avaient amené beaucoup de troupes de pied, et au-dessus de cinq mille chevaux. » Appien, Guerres civiles, livre IV, chapitre XI, 88.

Le premier engagement va être du fait de Cassius, qui va fêter ses 43 ans. Il attaque les terrassiers d'Antoine qui travaillent dans les marécages à construire une route qui lui permettrait de contourner Philippes et de couper l'armée des tyrannicides de ses bases arrières. L'attaque va continuer avec les troupes de Brutus qui ne veulent pas rester les bras croisés. Le camp d'Octave où règne une grande panique est attaqué. Seules trois légions vont se former en ordre de bataille pour résister. Elles se font massacrées. La riche litière d'Octave est trouvé et les assaillants ont cru qu'il était dedans pour fuir. D'autres ont prétendu que le futur empereur Auguste s'était caché dans les marais :

« À la bataille de Philippes, il avait résolu de ne pas quitter sa tente à cause du mauvais état de sa santé. Le rêve d'un de ses amis le fit changer de résolution, et il s'en trouva bien; car son camp ayant été pris, les ennemis se jetèrent en foule sur sa litière, la percèrent et la mirent en pièces, comme s'il y eût été. » Suétone, Auguste, XCI.

La bataille est gagnée pour les Républicains mais malheureusement ils ne vont pas savoir exploiter leur victoire. Le poète Horace, alors âgé de 21 ans, s'y trouvait de leur coté avec le grade de tribun militaire. Cependant, le camp de Cassius a été dévasté par les hommes d'Antoine qui étaient à l'aile droite de la formation des triumvirs.

---- Cassius.

A l'issu du combat, Cassius voyant son armée avoir d'énormes difficultés, son camp dévasté, aveuglé par la poussière qui noyait la visibilité sur le champ de bataille, crut que Brutus était vaincu. Il vit une troupe de cavaliers qui s'avançait vers lui, il s'agissait d'hommes de Brutus venant lui annoncer la victoire mais il crut voir en eux des ennemis. Pour ne pas être pris vivant, il se fit donner la mort par un de ses officiers : Pindarus . Pour certains de ses contemporains, le suicide de Cassius est inexplicable. Pour ne pas décourager les troupes, Brutus cacha la mort de son beau-frère jusqu'à la fin des combats. Par la suite, il donna à chacun des hommes de Cassius la somme de 2.000 drachmes pour les dédommager des pertes matérielles qu'ils avaient subis suite au pillage de leur camp.

Le deuxième affrontement qui fut décisif eut lieu le 23 octobre 42 avant J.C. vers 15 heures. Brutus se retrouve seul, il veut attendre pour engager un autre combat car il sait que le temps joue pour lui. Mais ses officiers sont fougueux et d'après lui, ce sont eux qui commande, pas lui. Devant sa lenteur à engager le combat, la cavalerie galate s'en va, d'autres cavaliers auxiliaires ont déjà fait de même, en particulier les Thraces de Rascoupolis. Un échec maritime des navires des triumvirs, qui devaient apporter un renfort de deux légions, força ceux-ci au combat pour protéger leur approvisionnement.

La lutte va s'engager par l'aile droite républicaine qui creuse de sérieuses brèches dans les rangs des légions d'Antoine. Brutus est en train de remporter la victoire. Ce serait une victoire complète si l'aile gauche, commandée par un officier de l'armée de Cassius : Marcus Messala n'avait pas été trop étirée. Des trous béants existaient dans lesquels les légions d'Octave s'engouffrèrent. Ce fut la débandade chez les Républicains. Mais Octave et Antoine paient très cher, en pertes humaines, leur progression. Devant cette avance brutale, il est temps pour Brutus de faire retraite en aussi bon ordre que possible mais il est abandonné par ses hommes. Il quitte le champ de bataille, entouré d'une petite troupe de fidèles. Il est pris en chasse par des cavaliers ennemis.

Le sacrifice d'un de ses lieutenants qui se fait passer pour lui, lui fait gagner un temps précieux. Mais peu après, il va se suicider en se jetant sur son épée, c'était le 24 octobre 42 avant J.C., la République avait vécu.

« …il n'usa pas avec modération de la victoire. Il envoya à Rome la tête de Brutus pour qu'elle fût mise aux pieds de la statue de César. » Suétone, Auguste, 13, 2.

Autre version :

Aussitôt qu'Antoine eut en son pouvoir le corps de Brutus, il le fit envelopper d'une brillante robe de pourpre, il le fit brûler, et il envoya ses cendres à sa mère Servilie. Appien, Guerres civiles, CXXXV.

Le butin qu'Auguste a alors amassé va lui servir à construire son forum.

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