Préfecture de la Ville
Préfecture de la Ville (Praefectus Urbis) :
Le préfet ou chef de la cité était à l'origine de la Ville nommé Custos Urbis. Le terme de praefectus urbis ne semble pas avoir été utilisé avant les décemvirs. La dignité de custos urbis associé à celle de princeps senatus était conférée par le roi.
" Il (Brutus) laisse le gouvernement de Rome à Lucrétius, que le roi lui-même avait nommé préfet de la ville quelque temps auparavant. " Tite-Live, I, 59.
Cette fonction n'était exercée qu'en l'absence du roi se trouvant hors de Rome, il ne devait pas avoir le droit de convoquer l'assemblée du peuple mais il pouvait prendre toutes les mesures utiles en cas d'urgence, pour cela il était revêtu de l'imperium.
" Lucius Lucrétius, préfet de Rome, obtint cependant que, pour entamer leurs poursuites, les tribuns attendront le retour des consuls. " Tite-Live, III, 24.
Durant la royauté, cette charge fut accordée probablement à vie et c'est en 487 avant J.C. qu'elle fut transformée en magistrature élective. Selon toute probabilité, le custos urbis fut élu par les curies. Il fallait être de rang consulaire pour être éligible et depuis l'époque des décemvirs chaque préfet cité par un historien ancien a été consul, seule exception : P. Lucretius (Tite-Live, III, 24) mais le nom doit être probablement erroné comme le dit Niebuhr. Dans les premiers temps de la République, il avait tous les pouvoirs dans la Ville si les consuls en étaient absents, il pouvait convoqué le sénat, présider les comices et en temps de guerre, il pouvait lever des légions qu'il commandait lui-même.
" Les patriciens tremblent que l'absence des consuls n'aide à leur imposer ce joug, et le préfet de Rome, Quintus Fabius, convoque le sénat. " Tite-Live, III, 9.
Quand la charge de praefectus urbanus fut créée le contrôle de la ville y fut inclus, comme les Romains, de tous temps, furent enclins à conserver toutes leurs anciennes institutions, un praefectus urbi fut désigné chaque année seulement pour la période du temps où les consuls étaient absents de Rome afin de célébrer les feriae latinae. Il n'avait ni le droit de convoquer le Sénat ni celui d'y discourir, il n'était pas élu par le peuple mais désigné par les consuls. Peu à peu, ce travail devint de petite importance à tel point qu'il fut confié à de jeunes gens d'illustres familles et que Jules César y nomma plusieurs hommes jeunes de classe équestre (Dion Cassius, XLIX, 42). Durant l'Empire, ces préfets continuèrent d'être nommés tout aussi longtemps que durèrent les feriae latinae, ils eurent même quelques pouvoirs.
" Autrefois, quand les rois, et après eux les magistrats, s'éloignaient de la ville, afin qu'elle ne restât point livrée à l'anarchie, un homme choisi pour le temps de leur absence était chargé de rendre la justice et de pourvoir aux besoins imprévus. Romulus donna, dit-on, cette magistrature passagère à Denter Romulius, Tullus Hostilius à Numa Marcius, et Tarquin le Superbe à Sp. Lucretius. Dans la suite, le choix appartint aux consuls. On conserve une image de cette institution, en nommant encore aujourd'hui, pour les Féries latines, un préfet chargé des fonctions consulaires. Auguste, pendant les guerres civiles, avait confié à Cilnius Mécène, chevalier romain, l'administration de Rome et de toute l'Italie. " Tacite, Annales, VI, 11.
Mais quelquefois, personne n'était désigné et leurs travaux étaient exécutés par le praefectus urbanus (Becker, Handb. der Röm. Alterth, II, pt II).
Une charge très différentes de celle-ci mais portant le même nom fut instituée par Auguste après avoir été suggérée par Mécène. " Pour appeler un plus grand nombre de citoyens à l'administration de l'État, il imagina de nouvelles fonctions: la surintendance des travaux publics, des chemins, des eaux, du lit du Tibre, des grains à distribuer au peuple, la préfecture de Rome,… " Suétone, Auguste, 37. Ce nouveau préfet de la ville était un magistrat permanent ayant tous les pouvoirs nécessaires au maintien de l'ordre et de la paix dans la cité. Il devait avoir le contrôle des bouchers, des banquiers, des théâtres etc … Pour pouvoir exécuter ses différentes fonctions, il avait, à sa disposition, les milites stationarii que l'on peut comparer à notre police moderne. Il devait aussi régler les problèmes entre esclaves et maîtres, ceux entre patrons et affranchis et ceux des enfants qui avaient mis à mal la pietas envers leurs parents. Son pouvoir ne cessa de croître. Ainsi que les pouvoirs de l'ancien praefectus urbi républicain avaient été absorbés par le préteur urbain, ainsi ceux de ce dernier furent petit à petit avalés par le praefectus urbi, il n'y avait aucun appel de ses décisions excepté devant la personne du prince, tandis que n'importe qui pouvait faire appel de la sentence d'un autre magistrat. Sa juridiction, en matière criminelle, dépendait des quaestiones, mais à partir du 3ème siècle, il l'exerça seul, non seulement dans la ville de Rome mais dans un périmètre de cent milles (147, 20 km) autour, il pouvait aussi condamner à la deportatio in insulam. Durant la première période de l'Empire, on pouvait garder cette charge de nombreuses années voire toute la vie. (Dion Cassius, LII, 21, 24) mais à partir de l'époque de Valérien, un nouveau préfet de la ville apparaît chaque année.
Lorsque Constantinople fut la seconde capitale de l'Empire, cette ville eut aussi son praefectus urbi. Ces préfets étaient les représentants directs de l'empereur et à ce titre toute l'administration, les corporations et les institutions publiques relevaient de lui. Ils devaient aussi contrôler les importations et les prix bien que cela fût plus de la compétence d'autres personnes. Il leur fallait faire chaque mois un rapport sur les activités du Sénat où ils votaient avant les consulares. Ils servaient d'intermédiaires pour les empereurs lorsque ceux-ci recevaient des pétitions ou des dons venant de leur capitale. Pour l'élection d'un Pape, le préfet de Rome devait s'occuper de tout l'apparat extérieur.
Notes du rédacteur du site :
-Il ne reste aucunes ruines de la préfecture mais l'épigraphie nous dit qu'elle se trouvait à l'Ouest des Thermes de Trajan.
-Sa durabilité date du règne de Tibère avec L. Calpurnius Pison qui resta en fonction pendant 20 ans. (A. Chastagnol)
-Ulpien, le juriste, lui a consacré un livre : " liber singularis de officio praefecti urbis "
-Les forces de police qui leur étaient données était de 4 cohortes urbaines de 500 hommes chacune. Chiffre que l'on retrouve sous Néron. Les miliciens des cohortes urbaines sont considérés comme inférieurs aux prétoriens mais supérieurs aux légionnaires. La solde est de 250 deniers par an et le service dure 20 ans Elles ont leurs quartiers dans les castra praetoria. Aurélien leur construit, entre 270 et 275, uns caserne particulière (Castra Urbana) au Champ de Mars, dans le Campus Agrippae. On retrouve une cohorte urbaine à Lyon et une à Carthage.