Religion Publique

Religion publique :

Le mot "religion" semblerait venir de deux étymologie différentes : religare = lier ou relegare = relier. N'importe quel citoyen romain pouvait être un prêtre. Il y avait deux cultes : la religion privée, le " pater familias ", chez lui, célébrait le culte des ancêtres ; la religion publique, un magistrat se devait d'offrir un sacrifice ou de prendre les auspices avant tout acte de la vie politique. A tout moment de son existence, un Romain pouvait se transformer en célébrant, tous ne faisaient aucune différence entre ce qui était laïc et ce qui était religieux. En fait, la religion n'était qu'un rituel et c'est à travers des gestes précis de ce rituel qu'un Romain pouvait de se mettre en communication avec les dieux. La relation avec les dieux est de donner un sacrifice pour leur être agréables et en échange, ils doivent exaucer la faveur qui leur est demandée ; si l'homme n'est pas satisfait, ce n'est pas la faute du dieu invoqué mais le rituel du sacrifice n'a pas été fait avec toute la rigueur voulue. Le premier geste à faire pour présider à un rite était de se couvrir la tête avec un pan de sa toge.

--- > Auguste en prêtre

La notion de foi était inconnue, un prêtre exerçait seulement des rites, il n'avait pas spécialement de vocation religieuse, c'était avant tout un technicien. " Le sacerdoce n'y était pas une affaire de vocation … mais une affaire de statuts social. Comme les actes religieux étaient célébrés au nom d'une communauté, et non d'individus, seuls ceux qui étaient destinés, de par leur naissance et leur statut, à représenter la communauté exerçaient les fonctions sacerdotales. " John Scheid, " le prêtre " dans " l'homme romain ", Editions du Seuil. Les anciens prétendaient qu'à l'origine les prêtres n'étaient là que pour aider le roi dans ses fonctions sacrées. Ils n'avaient aucun rôle politique mais pouvaient peser lourdement sur la vie publique, par exemple les augures pouvaient ajourner des élections en voyant des signes néfastes au cours de leur déroulement. " Tibérius Gracchus écrivit de son gouvernement au collège des augures pour l'informer qu'en lisant les livres relatifs aux cérémonies publiques, il avait remarqué un manquement aux rites dans l'établissement de la tente augurale, lors des comices consulaires qu'il avait tenus lui-même. Cette affaire fit l'objet d'un rapport des augures au sénat et, sur l'ordre du sénat, C. Figulus et Scipion Nasica revinrent à Rome, l'un de la Gaule, l'autre de la Corse et abdiquèrent le consulat. (An de R. 591.) " Valère-Maxime, I, 3. Les prêtres étaient donc là pour assurer un rituel car chaque acte officiel de la vie d'un Romain commençait par une cérémonie religieuse pour se concilier les dieux. C'est ainsi qu'au cours de sa carrière, un magistrat pouvait exercer un ou des sacerdoces (par exemple, César était Grand Pontife, Cicéron était Augure, Marc-Antoine était Luperque etc…).

En fait, un prêtre ne s'occupait pas des individus mais du peuple romain dans son ensemble. On pense qu'au début de notre ère, ils étaient à peu près 270 (collèges + sodalités).

--- > Prêtresse, tableau de John William Godward (XIXème siècle).

Les prêtres, à Rome, étaient répartis en deux groupes : les Collèges et les Sodalités (de Sodalis, is, m, = camarade, compagnon). Jusqu'en 196 avant J.C., les collèges furent au nombre de trois. A cette date, un autre s'ajouta à eux, celui des septemviri epulones. Les femmes sont éloignées de tout culte publique. Elles ont l'interdiction formelle de procéder à des sacrifices qui entrainent un écoulement de sang. Seules les Vestales peuvent être comparées à des prêtres masculins, leurs obligations sexuelles les mettent à part des autres femmes.

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Collège des Pontifes |

Chez lesquels on retrouvait Flamines et Vestales. Ils étaient, tous, sous l'autorité du Grand Pontife, fonction tellement importante qui mêlait politique et religion qu'Auguste le revêtit ainsi que ses successeurs à l'Empire. A l'origine le Collège était composé de neuf personnes puis elles passèrent à quinze en 82 avant J.C. et à seize à l'époque de César (46 avant J.C.). Jusqu'en 300 avant J.C., un pontife devait être patriciens, puis, à cette date la fonction s'ouvrit aux plébéiens. Leurs rôles étaient très importants, entre autres ils définissaient les jours fastes et néfastes, du haut du Capitole, " Nos anciens ont voulu qu'on demandât la connaissance des fêtes fixes et annuelles à la science des pontifes " Valère-Maxime, I, 1. Ils consacraient les temples, contrôlaient l'introduction des cultes étrangers et rédigeaient les " Annales Pontificales " (chose très importante pour les historiens) qui racontaient les événements marquants de l'année. Ils conseillaient les magistrats et le Sénat en matière religieuse. On peut compter dans leurs rangs les Flamines qui étaient au nombre de quinze dont trois Flamines majeurs :

- Le Flamine de Jupiter Flamen Dialis

- Le Flamine de Mars Flamen Martialis

- Le Flamine de Quirinus Flamen Quirinalis

" Mais qu'en est-il de Quirinus ? A l'époque classique, on dit que c'est le surnom donné à Romulus une fois qu'il a été divinisé. Ce n'est pas une explication très satisfaisante. On sait seulement que le flamine de Quirinus préside des cérémonies rurales. Donc, pour Georges Dumézil, Quirinus est à l'origine un dieu agraire correspondant à la troisième fonction. (1) Les trois flamines de la religion romaine, qui subsiste toujours à l'époque classique, reflètent en fait en fait une période archaïque où étaient honorés trois grands dieux correspondant aux fonctions de la société tripartite indo-européenne " L'Antiquité romaine, Catherine Salles, Larousse.

(1) Troisième fonction = fécondité, prospérité, productivité.

A la différence des pontifes qui s'occupaient de tous les dieux, chacun des Flamines se vouait à un dieu en particulier.

Collège des Augures |

Chargés d'interpréter la volonté des dieux par le vol des oiseaux, la forme des nuages, l'appétit des poulets sacrés etc.…

Collège des quindecemviri |

Chargés de consulter les livres sibyllins.

Collège des septemviri |

Qui supervisait les jeux publics, le culte rendu à Jupiter Capitolin et les banquets sacrés comme les lectisternes. A l'origine, ils étaient trois.

Epoloni : les anciens appelaient ainsi ceux que nous appelons " epulones " ; on leur a donné ce nom parce qu'ils avaient le droit de fixer les festins solennels en l'honneur de Jupiter et des autres dieux. Festus, V.

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Sodalités : Confrérie religieuse qui n'exerçait des rites qu'un fois par an lors des fêtes consacrées à son dieu.

+ Les Fétiaux

+ Les Saliens

+ Les Luperques

+ Les frères Arvales

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Pour faire fonctionner la religion romaine, on trouve aussi 30 curions qui avaient pour tâche de célébrer les rites religieux d'une curie, des prêtresses de Cérès (déesse venant de Grèce) et les Galles qui adoraient la Grande Mère ou Cybèle (venant de Grèce aussi).

La nomination, au sein d'un collège, était une affaire relativement complexe. Jusqu'au III ème siècle, ils furent cooptés puis le pontifex maximus fut élu, choisit parmi trois candidats que le collège des pontifes avait désigné, par 17 tribus, tirées au sort parmi les 35, puis ce fut le tour en 104 avant J.C. (loi Domitia) des autres membres de ces collèges pontificaux. Quant aux sodalités, leurs membres furent toujours cooptés.

" Religion et piété à Rome " John Scheid, Albin Michel.

A consulter pour se faire une idée précise de la fonction religieuse.

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