Saepta Julia

Saepta Julia :

C’était un vaste espace de 300 mètres sur 120, bordé d’un portique en marbre, tirant ses deux noms de statues grecques qui le décoraient : Méléagre à l’Est et Argonaute à l’Ouest.

---> Maquette de A. Caron

C’est J. César qui avait prévu de les ériger à la place des anciennes Saepta ou Ovile, lieu de vote sur le Champ de Mars pour les comices centuriates et plus tard tributes, représentant le peuple en arme donc ne pouvant s’assembler que hors du pomerium. Puis, ce furent tous les comices qui votèrent là car il supprima le Comitium sur le Forum. On continua de les appeler Ovile et pouvaient accueillir 70.000 votants. Elles furent connues aussi sous le nom de Saepta Agrippiana vers le III ème siècle : «  Il avait intention d’élever, entre le Champ de Mars et le clos d’Agrippa, une basilique alexandrine, qui aurait eu mille pieds de long sur cent de large, toute supportée par des colonnes. » Histoire Auguste, vie d’Alexandre Sévère, 26.

Pourquoi ce nom d’Ovile, parce que les Romains s’y réunissaient pour voter et étaient séparés par des cordes en attendant d’aller sur la passerelle où ils exprimeraient leur choix électoral, avec une certaine dérision, ils se comparaient à des moutons qui allaient à la bergerie (Ovile) conduit par un pâtre. D’après des restes qui ont été mis à jour par des archéologues dans les années vingt, l’endroit où l’on comptait les voix (Diribitorium) n’était pas un lieu séparé mais un étage des Saepta, mais cela n’est qu’une hypothèse.

J. César avait prévu de les construire en 54 avant J.C., il avait envisagé de les entourer d’un portique qui devait être en marbre et couvert, ce qui fut par la suite. Cette réalisation laissait au régime dictatorial une fiction républicaine. De plus, cette construction faisait pendant à l’œuvre de Pompée (théâtre et portique) puisqu’il se trouvait non loin de lui, à l’est.
L’explication de son nom serait que Julia viendrait de la Gens des Julii à laquelle César comme Auguste appartenaient et Saepta du verbe Saepire qui veut dire « ceindre, entourer, enfermer ». En fait J. César fut assassiné trop tôt pour qu’il puisse donner suite à tous ses projets architecturaux, car l’architecture est un des moyens utilisés par les politiques pour faire passer un message de gloire pour eux-mêmes.

Pour les Saepta, elle furent en partie construites par Lépide et terminées, inaugurées en 26 avant J.C. par Agrippa. Il dut prévoir de nombreux égouts pour assécher la zone de construction qui était fort marécageuse.

Elles vont vite perdre leurs fonctions politiques au profit d’un endroit de délassement. Elles vont devenir un lieu de rendez-vous pour les élégants et les élégantes. On y trouvait des collections de statuaires grecques, des bibliothèques et des salles de réunion. Les bibliophiles y trouvaient leur bonheur ainsi que les femmes à la mode puisqu’il y avait de nombreuses boutiques de parfumerie. Pline l’Ancien parlera surtout des œuvres d’art qu’on y trouvait (H.N., XXXVI, 29) et Sénèque évoquera la foule qui y déambulait : «  et saepta concursu omnis frequentiae plena » de ira, II, 8, 1.

En ce lieu, Auguste organisa des combats de gladiateurs et des naumachies : « Quelquefois il divisait les spectacles par quartiers, et en plusieurs troupes d'acteurs de toutes les langues, non seulement dans le Forum ou dans l'amphithéâtre, mais encore dans le cirque et dans l'enceinte des comices. Quelquefois aussi, outre les chasses, il fit combattre des athlètes dans le champ de Mars, qu'il avait entouré de sièges de bois. Il donna également un combat naval dans un bassin creusé auprès du Tibre, à l'endroit où s'élève aujourd'hui le bois sacré des Césars. » Suétone, Auguste, 43.

Il montrera au peuple ébahi un rhinocéros, bête que les Romains n’avaient jamais vue : « ut rhinocerotem apud Saepta, » Suet. Aug., 43. Caligula fera de même, il projeta aussi la construction d’un amphithéâtre à coté : « Munera gladiatoria partim in amphitheatro Tauri partim in Saeptis aliquot edidit, quibus inseruit cateruas Afrorum Campanorumque pugilum ex utraque regione electissimorum. » Suet. Cal., 18. Claude suivra son exemple : « Il établit un autre combat régulier dans l'enceinte des élections, et dans le même lieu, il en donna un extraordinaire qui ne dura que peu de jours, et qu'il appelait "Sportule", parce qu'en l'annonçant il avait dit qu'il invitait le peuple à un petit repas improvisé et sans façon. » Suet. Claude, 21. Néron, quant à lui, fit se produire des gymnastes : « Dans les jeux gymniques qu'il donna au Champ de Mars, il déposa les prémices de sa barbe au milieu d'un sacrifice solennel- Gymnico, quod in Saeptis edebat » Suétone, Néron, 12. La seule occasion enregistrée de convocation du Sénat fut en 17 avant J.C. Tibère s’adressa au peuple d’une tribune construite pour cette déclaration à son retour d’une campagne militaire en Illyrie : « Il monta sur le tribunal qu'on lui avait élevé au champ de Mars, où il s'assit avec Auguste entre les deux consuls, tandis que le sénat était debout- positumque in Saeptis tribunal senatu astante conscendit ac medius inter duos consules cum Augusto simul sedit » Suétone, Tibère, 17.

Elles furent atteintes par le grand feu de 80 après J.C. mais restaurées car c’était un lieu de flânerie et un bazar important à l’époque de l’empereur Domitien. Elles sont représentées sur le Plan de Marbre, ses dimensions ainsi que sa position sont exactement celles décrites par Cicéron dans une lettres à Atticus (Att.IV, 16, 14). Puis plus aucune référence n’y fit allusion à partir du Moyen Age.

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