Sextus Pompée : Sextus Pompeius Magnus

Il était le fils cadet du Grand Pompée et de sa troisième épouse : Mucia Tertia (elle fut d'abord mariée au fils de Marius), elle donna à son mari trois enfants : deux fils et une fille. Comme son père, il prit le qualificatif de Pius .

Tandis que son frère aîné (sa biographie est sur ce site), Gnaeus , avait suivi leur père à l'Est, lui, trop jeune, restait à Rome avec sa belle-mère Cornelia Metella au moment où César franchissait le Rubicon. Après que son père fut battu à la bataille de Pharsale (48 Avant J.C., en Thessalie), toujours accompagné de sa belle-mère, il le rejoignit Mytilène (capitale de l'île de Lesbos) et tous ensemble, ils s'enfuirent vers l'Egypte dont le souverain était redevable à leur famille. Mais malheureusement, par traîtrise, Pompée fut assassiné sous les yeux de son fils et de sa femme dès sa descente du navire qui les avait amené sur les cotes d'Afrique.

L'année suivante, il rejoignit les opposants à César en Afrique ils furent battus à Thapsus. Il rejoignit, alors, son frère en Espagne et c'est ainsi qu'il se retrouva à la tête des troupes républicaines avec Gnaeus et Titus Labienus , l'ancien légat de César en Gaules. Ils affrontèrent le dictateur une nouvelle fois en Espagne, exactement près de MUNDA (au Sud de l'Espagne, en 45 Avant J.C.). Gnaeus fut fait prisonnier et peu après exécuté. Quant à lui, il s'échappa pour trouver refuge en Sicile et eut bientôt toute l'île à sa dévotion, il put ainsi constituer une armée et une flotte. Juste avant de partir, il apprit la mort de J. César alors qu'avec des soldats rescapés des armées de son père et de son frère aîné, il s'avançait contre la ville de Carthagène à la tête de 7 légions.

« Sextus Pompée était un jeune homme sans instruction littéraire, barbare dans son langage, brave avec emportement, toujours prêt à agir, prompt à concevoir et qui était bien loin d'avoir la loyauté de son père. Affranchi de ses affranchis, esclave de ses esclaves, il jalousait les gens de mérite, pour obéir aux plus médiocres. »

Velleius Paterculus, II, 73.

Après la mort du dictateur, le Sénat crut avoir retrouvé sa liberté de décision et nomma Sextus préfet de la flotte et commandant en chef des cotes romaines mais quatre mois plus tard, les sénateurs déchantèrent vite sur leur retour au pouvoir, devant la volonté du second triumvirat, ils durent revenir sur ce qu'ils avaient dit.

De la Sicile , où il se faisait appeler « le fils de Neptune », ( l'ivresse du succès lui fit prendre ouvertement le titre de fils de Neptune; et, pour se rendre ce dieu favorable, il lui sacrifia un cheval et des taureaux aux cornes dorées. Aurélius Victor, de viris illustribus, LXXXIV.)

il entreprit, en 39 Avant J.C., de provoquer la famine dans la ville de Rome en bloquant son approvisionnement en blé, il contrôlait le passage du détroit de Messine ; il réussit presque. Octave envoya un de ses légats, Salvidienus Rufus , qui fut battu près de la cote de Rhegium et ne put même pas prendre pied en Sicile. Après la rupture du triumvirat, la stratégie d'Octave fut d'attirer au loin la flotte du fils de Pompée de façon à permettre un débarquement aux troupes assemblées de l'autre coté du détroit de Messine. Mais en 38 Avant J.C., la flotte de l'héritier de César subit une défaite au large de CUMES puis fut complètement anéanti au promontoire sicilien de SCYLLA, Octave en réchappa par miracle.

Lors de la seconde proscription, Sextus attira à lui ceux qui étaient désignés pour être mis à mort. Il doubla les primes promises pour leur capture à ceux qui les sauveraient. Lui-même, malgré ses relations personnelles avec les triumvirs fut poursuivit et inscrit sur ces listes qui devaient poursuivre les assassins de César ( lex pedia ).

Devant le danger qu'il représentait les hommes du second triumvirat négocièrent avec lui. Une rencontre eut lieu qui fut organisée par Lucius Sribonius Libo , beau-frère d'Octave. Elle déboucha sur la paix de MYSENE qui sera éphémère puisqu'elle ne durera que 5 ans (Marc Antoine voulant assurer ses arrières pour mener sa future campagne contre les Parthes). Et c'est ainsi qu'on lui fit toute une série de promesses : il sera le maître de ce qu'il a déjà, c'est-à-dire des îles de la Sicile , de la Sardaigne et de la Corse , on lui promit l'Achaïe, Octave et Marc Antoine lui offrirent le consulat pour l'année 38 Avant J.C., ses troupes devaient recevoir les mêmes parts de butin et autres avantages que celles des triumvirs, il devait recouvrer les biens immobiliers de sa famille, en particulier la maison du quartier des Carrènes (entrée du Forum) qui était rentrée de façon bizarre en possession de Marc Antoine. Pour sceller leur accord, sa fille est fiancée avec Marcellus, neveu d'Octave.

« Sextus Pompée, vaincu en Espagne à Munda, recueillit, après la perte de son frère, les débris de ses troupes, et gagna la Sicile , où, brisant les fers des esclaves, il s'empara de la mer. II interceptait les convois pour l'Italie, qu'il réduisit à la famine ; l'ivresse du succès lui fit prendre ouvertement le titre de fils de Neptune; et, pour se rendre ce dieu favorable, il lui sacrifia un cheval et des taureaux aux cornes dorées. Après avoir fait la paix avec Antoine et César, il leur donna un repas sur son vaisseau ; « Voici mes carènes ! » dit-il assez spirituellement, faisant allusion à sa maison située à Rome dans le quartier des Carènes, et alors au pouvoir d'Antoine. Lorsque ce dernier eut rompu le traité, Sextus, vaincu dans une bataille navale par Agrippa, lieutenant d'Auguste, s'enfuit en Asie, où il fut tué par les soldats d'Antoine. »

Aurelius Victor, « de Viris Illustribus », LXXXIV.

Aucun de ces engagements ne sera tenu. C'est surtout la non-possession de l'Achaïe qui fut le plus mal perçu. La guerre reprit très vite entre eux. Pour le vaincre, Marc Antoine arma 120 navires de ses propres deniers. Mais en définitive, le succès final fut du à Octave ou plutôt à l'un de ses légats et ami intime, Agrippa , qui remporta une bataille navale au large de la Sicile à NAULOQUES (nord de l'île). C'est à cette occasion que fut utilisé une nouvelle arme navale : l' « harpax », c'est elle qui fit toute la différence. Octave profita de cette circonstance pour éliminer Lépide du triumvirat. En effet ce dernier essaya de mener un jeu personnel qui, politiquement, lui fut fatal ; le futur Auguste ne lui conserva seulement que le titre de « Grand Pontife ».

Sextus s'enfuit de cette bataille perdue avec 17 navires. Il se réfugia en Orient où il espérait trouver une certaine générosité de la part de Marc Antoine. Il pratiqua alors un double jeu, jouant de l'amitié avec lui tandis qu'il complotait avec ses ennemis. Un lieutenant du triumvir, Marcus Titius , fit mettre fin à ses jours, il était à Milet (une des 12 cités grecques de l'Asie Mineure) et c'était en 35 Avant J.C.

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