Temple de Vesta

Temple de Vesta : fille de Saturne, sa correspondance grecque est Hestia.

L'origine de son culte de perd dans la nuit des temps, il devait avoir ses racines à l'époque où l'on frottait deux morceaux de bois ou deux éclats de silex l'un contre l'autre pour avoir du feu. Il était conservé dans une hutte où sa combustion était surveillée en permanence par des jeunes filles, chacun pouvait s'y rendre suivant ses besoins. En souvenir de ces temps reculés, les Romains continuèrent de rendre un culte à la déesse du feu et de la famille.

Certains ont pensé, dans l'antiquité, que la fondation du temple datait de Romulus qui avait introduit dans sa ville le culte de Vesta. Mais d'autres Anciens, la grande majorité, s'accordent à dire que c'est le roi Numa qui édifia le temple pour garder le feu, symbole de la vie de la cité.

" Numa fit, dit-on, construire le temple de Vesta pour y garder le feu perpétuel, et il lui donna la forme ronde, afin d'imiter, non la figure de la terre, comme si elle désignait Vesta, mais celle de l'univers, dont le milieu, suivant les pythagoriciens, est occupé par le feu, qu'ils appellent Vesta et l'Unité. " Plutarque, Numa, 11.

Sa forme devait être, en dépit de ce qu'à pu dire Plutarque, certainement un souvenir des antiques cabanes de bergers en jonc, en paille et en chaume.

--- > Urne funéraire des premiers temps.

 La tradition de la conservation du feu viendrait des temps anciens où il était très difficile à faire. Lorsqu'il était là, les femmes le conservaient pendant que les hommes chassaient, péchaient, labouraient, faisant en sorte qu'il soit perpétuel.

Cet abri était, donc, rond, sa toiture était en airain et avait la forme d'un dôme avec un trou en son centre pour laisser passer la fumée dégagée par le foyer perpétuel entretenu par les Vestales.

" Je trouve encore le temple de Vesta fut couvert en bronze de Syracuse. "

Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, XXXIV, 13.

" Ce toit que vous voyez, d'airain aujourd'hui, alors vous l'eussiez vu de chaume; des branches d'osier flexible, entrelacées ensemble, en formaient les murs. Sur cet espace étroit qui porte le parvis de Vesta, s'élevait autrefois la demeure auguste de Numa à la longue chevelure... " Ovide, fastes, chant VI, 262 et suivants.

Ce temple, au sens français du terme, n'est pas un templum, c'est-à-dire un endroit consacré, au sens latin du terme : " Tout templum n'est pas coextensif à un temple, au sens où nous l'entendons aujourd'hui ; inversement certains temples ne sont pas des templa : c'est le cas de tous les édifices ronds et particulièrement de l'aedes Vestae, le temple consacré à Vesta. " P. Gros, les monuments publics, Paris, Picard, 1996.

Le temple était posé sur un podium, d'après les fouilles (1883, 1899-1900) d'un diamètre de 15 mètres, élevé par rapport au sol, on y accédait par trois marches. Il était ceint de dix huit à vingt colonnes reliées entre elles par une armature métallique. Dans son intérieur, on ne voyait pas de statue de la déesse.

" J'ai cru longtemps, dans mon ignorance, qu'il existait des statues de Vesta; j'ai appris naguère que le dôme de son temple n'en abritait aucune; là seulement se conserve un feu qu'on ne laisse jamais éteindre; mais il n'est point d'images qui représentent ni le feu ni Vesta. " Ovide, faste, chant VI, 295-298.

Les objets du culte (Palladium et d'autres) étaient tenus dans une pièce spéciale, dissimulée à la vue (penus vestae). En son sein, les vestales gardait un fascinus (phallus), objet qui avait pour fonction de protéger la cité ; il devait se mettait en travers pour exorciser le mauvais sort. Dans l'ancienne Rome, le phallus était très important, il était censé éviter tout ce qui était néfaste.

Il faisait partie de la maison des Vestales. Personne ne pouvait y pénétrer en dehors du Pontifex Maximus et d'elles.

Et vint l'empereur Héliogabal qui commit le plus monstrueux sacrilège aux yeux des Romains, il pénétra dans l'enceinte sacrée où nul homme ne devait rentrer.

" Il commit un inceste avec une vestale. Il profana les choses les plus révérées du peuple romain en enlevant les simulacres des dieux. Il voulut éteindre le feu sacré. Et ce n'est pas seulement les religions de Rome qu'il voulut abolir ; mais, s'efforçant d'établir dans le monde entier le culte unique de son dieu Héliogabale, il pénétra, profané qu'il était par la corruption de ses moeurs et s'accompagnant de gens aussi impurs que lui, dans le sanctuaire de Vesta, où n'ont accès que les vierges consacrées et les pontifes…Il enleva néanmoins une statue, qu'il croyait être le Palladium, et l'ayant fait dorer, il la plaça dans le temple de son dieu. " Histoire Auguste, Lampridus, Héliogabal.

Le temple subit de nombreux incendies. Celui bâti par Numa fut certainement détruit lorsque les Gaulois prirent Rome en 390 avant J.C.

" Cependant le flamine de Quirinus et les vierges de Vesta, oubliant tout intérêt privé, ne pouvant emporter tous les objets du culte public, examinaient ceux qu'elles emporteraient, ceux qu'elles laisseraient, et à quel endroit elles en confieraient le dépôt : le mieux leur paraît de les enfermer dans de petits tonneaux qu'elles enfouissent dans une chapelle voisine de la demeure du flamine de Quirinus, lieu où même aujourd'hui on ne peut cracher sans profanation : pour le reste, elles se partagent le fardeau, et prennent la route qui, par le pont de bois, conduit au Janicule. Comme elles en gravissaient la pente, elles furent aperçues par Lucius Albinius, plébéien, qui sortait de Rome avec la foule des bouches inutiles, conduisant sur un chariot sa femme et ses enfants. Cet homme, faisant même alors la différence des choses divines et des choses humaines, trouva irréligieux que les pontifes de Rome portassent à pied les objets du culte public, tandis qu'on le voyait lui et les siens dans un chariot. Il fit descendre sa femme et ses enfants, monter à leur place les vierges et les choses saintes, et les conduisit jusqu'à Caeré, où elles avaient dessein de se rendre. " Tite Live, V, 40.

En 241 avant J.C., il brûla une seconde fois et coûta la vue au pontife Caecilius

Metellus qui voulut sauver le Palladium (statue de bois représentant Minerve).

" Quelle ne fut pas la frayeur du sénat lorsque Vesta faillit être ensevelie sous les ruines de son sanctuaire embrasé! Des feux coupables se confondent dans l'incendie avec le feu sacré; une flamme profane se mêlait à la flamme sainte. Les prêtresses, les cheveux épars, pleuraient épouvantées; elles étaient sans force, abattues par l'excès même de la frayeur. "Du secours! s'écrie d'une voix forte Métellus, s'élançant au milieu d'elles; vous ne sauverez rien avec ces larmes; que vos mains aillent enlever les gages de nos destinées; ce ne sont point des prières, ce sont vos propres mains qui les arracheront au péril! Malheureux que je suis! Vous n'osez," dit-il; et les voyant, incertaines, se jeter à genoux, pleines de trouble et d'effroi, il puise de l'eau, et levant les mains au ciel, "Pardonnez, objets sacrés, s'écrie-t-il; homme, je vais pénétrer dans un sanctuaire interdit aux hommes. Si c'est un crime, que je sois seul puni pour l'avoir commis; que ce sacrilège retombe sur ma tête et que Rome n'ait point à l'expier!" Il dit, et s'élance; il enlève l'image de la déesse, qui approuve tant de dévouement; c'est à son pontife qu'elle doit d'être sauvée. " Ovide, fastes, chant VI, 437 et suivants.

En 210 avant J.C., il fut sauvé du feu par treize esclaves qui y gagnèrent leur affranchissement.

" Le temple de Vesta fut sauvé de justesse, grâce notamment à l'aide de treize esclaves, qui furent affranchis. L'incendie (sur tout le Forum) dura toute la nuit et le jour suivant ; il était sans conteste d'origine criminelle... " Tite Live, XXVI, 27. Tr A.Flobert.

Sous le règne d'Auguste, il eut de multiples dégâts suite à une crue du Tibre.

L'incendie de 64 après J.C. (principat de Néron) le détruisit complètement, cet empereur le reconstruisit immédiatement. Ce dernier avait une profonde vénération pour la déesse.

Il déclara enfin par un édit que son absence ne serait pas longue (il parle de son voyage en Grèce), et que le repos et la prospérité de l'État n'en seraient point altérés. Puis, à l'occasion de son départ, il monta au Capitole et adora les dieux. Étant allé ensuite au temple de Vesta, il se mit subitement à trembler de tous ses membres, effrayé sans doute par la présence de la déesse, ou par le souvenir de ses forfaits, qui ne le laissait pas un moment sans crainte. Dès lors, il abandonna son dessein, en protestant "qu'aucun soin ne balançait dans son coeur l'amour de la patrie. Il avait vu les visages abattus des citoyens, il entendait leurs plaintes secrètes : ce voyage entraînerait si loin d'eux celui dont ils ne supportaient pas même la plus courte absence, accoutumés qu'ils étaient à se rassurer par la vue du prince contre les coups de la fortune ! Tacite, Annales,  XV, 36.

Il fut à nouveau détruit sous le règne de Commode, en 191 après J.C. et totalement reconstruit par Julia Domma, femme de l'empereur Septime Sévère. C'est cet édifice dont nous voyons les ruines.

Les fêtes du culte de Vesta avaient lieu le 8 juin : " Autrefois c'était l'usage de s'asseoir ensemble, sur de longs bancs, devant le foyer. On croyait que les dieux, pendant le repas, étaient présents; et maintenant encore, quand on célèbre les fêtes de l'antique Vacuna, on se tient, soit debout, soit assis, devant le foyer de cette déesse. Quelque chose du vieil usage s'est conservé jusqu'à nos jours; on présente à Vesta, sur un plat purifié avec soin, les mets dont on lui fait offrande. " Ovide, fastes, VI.

Le sanctuaire fut fermé sur ordre de Théodose en 394 après J.C.

Les vestiges, reconstituées, de la façade que l’on peut voir aujourd’hui, datent de 1930.

Atrium Vestae :

--- > Sur cette maquette (due à A. Caron), on peut voir le temple rond et à coté l'Atrium.

Juste à coté du temple se trouvait la maison des vestales, sorte de monastère avant la lettre. Ses ruines furent trouvées par les archéologues en 1883. Elle était bordée à l'Est par la via sacra et à l'Ouest par la via nova. On y a découvert un petit moulin qui servait à moudre le grain chaque année, le 15 février durant les lupercales, pour en saupoudrer les victimes des sacrifices.

" La grande simplicité des anciens Romains dans leur manière de prendre les repas est le signe le plus évident à la fois de leur bonhomie et de leur tempérance. Les plus grands hommes ne rougissaient pas de dîner et de souper en public ; il n'y avait sans doute sur leur table aucun mets qu'ils craignissent d'exposer aux yeux du peuple. Ils avaient un tel souci d'observer la tempérance qu'ils faisaient plus souvent usage de bouillie que de pain. C'est pour cela qu'aujourd'hui encore ce qu'on appelle mola dans les sacrifices est uniquement composé de farine et de sel, que l'on saupoudre de farine les entrailles des victimes… " Valère Maxime, II, 5, 5.

Son nom vient de sa cour intérieure ou atrium qui est très grand par rapport au reste de la maison. Il est entouré d'un portique (48 colonnes) de façon à ce que les vestales puissent avoir de l'espace libre, elles qui étaient, pour un long temps, enfermées. A l'extrémité Sud de ce portique se trouvait une fontaine. Sous le règne d’Hadrien fut construit un mur qui protégea la maison des Vestales de l’humidité car les bâtiments somptueux du Palatin empêchaient le soleil d’arriver jusque là .Peu d'entre elles la quittèrent comme la loi le permettait. Aucun homme ne pouvait en franchir le seuil sous aucun prétexte. Lorsque l'une était malade, elle était rendue à la surveillance de ses parents, alors seulement un médecin, étroitement surveillé, pouvait intervenir.

Un quartier du forum (quartier de Vesta) rassemblait quatre éléments sacrés : la maison des vestales, le temple de Vesta, la Regia et le bosquet de Vesta ; ce bosquet est cité par Cicéron, il devait se trouver entre la Maison des Vestales et le Palatin, il disparut complètement.

                            

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