Venatio

Venatio :

---> Tiré de

C'était une exhibition de bêtes sauvages qui s'affrontaient entre elles ou bien qui avaient à combattre des hommes. A l'origine ces combats formaient une partie des jeux qui se déroulaient au Circus. Le premier, Jules César fit construire un amphithéâtre de bois pour de tels spectacles. Malgré les différents endroits où ces représentations pouvaient avoir lieu, on lit fréquemment que les venationes se donnaient dans le circus, même dans des temps plus tardifs. "Dans le cirque, il fit mettre à mort de nombreuses bêtes féroces, souvent cent lions. " Histoire Auguste, vie d'Hadrien, XIX. Trad. A.Chastagnol. R.Laffont, col.Bouquins.

Ceux qui combattaient les bêtes étaient des criminels, des prisonniers ou des personnes formées exprès attirées par l'appât du gain (bestiarii). Les Romains étaient tout autant passionnés par ces jeux que par les combats de gladiateurs. Durant les derniers jours de la République et pendant l'Empire, un grand nombre d'animaux fut capturé au travers de tout le territoire pour la plus grande joie des habitants de la Ville. Des milliers pouvaient être massacrés en même temps.

On ne connait pas la date exacte de la première venatio, mais une mention en fait état en date de 251 avant J.C. lorsque L. Metellus exhiba 142 éléphants qu'il avait ramené de Sicile après sa victoire sur les Carthaginois.

" Beaucoup furent pris en Sicile sur les Carthaginois, l'an 502, lors de la victoire de L. Metellus, le pontife ; ils furent passés en Italie sur des radeaux que soutenaient des rangées de tonneaux. Verrius (savant du temps d'Auguste) rapporte qu'ils combattirent dans le cirque et qu'on les tua à coups de javelot parce qu'on ne sut qu'en faire, attendu qu'on ne voulut ni les nourrir ni les donner à des rois. L. Pison prétend qu'ils furent seulement introduit dans le cirque et qu'afin d'augmenter le mépris pour ces animaux, on les y fit pourchasser par des ouvriers qui n'avaient que des piques sans fer. Les auteurs qui pensent qu'ils ne furent pas tués, n'expliquent pas ce qu'ils devinrent par la suite. "

Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, VI, 16.

Mais on ne peut voir en cette exhibition une véritable venatio, car si il y eut massacre, ce ne fut pas pour l'amusement des Romains mais par nécessité. Au sens strict du mot, la première que l'on relève dans les textes fut donnée par M. Fulvius, suite à un vœu qu'il avait fait pendant la guerre d'Etolie.

" Marcus Fulvius Nobilitor donna ensuite les Jeux qu'il avait voués pendant la guerre d'Etolie. Beaucoup d'artistes vinrent de Grèce en son honneur. C'était la première fois qu'on voyait à Rome une compétition d'athlétisme et une chasse où des lions étaient opposés à des panthères. " Tite-Live, XXXIX, 22, trad. A. Flobert.

  --- > Plaque de terre cuite dite de Campana. Musée des Termes, Rome.

En 168 avant J.C., les édiles curules P. Cornelius Scipio Nasica et P. Lentulus offrirent en spectacle pour les ludi Circenses 63 panthères, 4 ours et des éléphants. Depuis cette époque, les affrontements de bêtes sauvages firent partie de ces jeux. De nombreux édiles, par la suite, firent tout pour obtenir des animaux rares et curieux. Les premiers éléphants qui combattirent au Cirque, le firent durant l'édilité de Claudius Pulcher en 99 avant J.C. (on ne peut parler de la démonstration de Metellus). Vingt ans après, ils combattirent des taureaux durant l'édilité des deux Lucullus. Pendant sa préture, Sylla offrit des jeux où parurent une centaine de lions qui furent anéantis par les javelots des hommes du roi Bocchus, spécialement envoyés à cet effet. Ce fut la première fois que des lions apparurent au Cirque, jusqu'alors ils étaient toujours attachés. Les jeux n'avaient jamais atteints une telle ampleur qu'en 58 avant J.C. durant l'édilité de Scaurus. Lui le premier exhiba un hippopotame et cinq crocodiles dans une espèce de tranchée (euripus).

" M. Scaurus, dans les jeux célébrés lors de son édilité, montra le premier dans Rome un hippopotame et cinq crocodiles, dans une pièce d'eau creusée cette circonstance. "

Pline l'Ancien, VIII, 96.

Pour la venatio que donna Pompée en 55 avant J.C. au cours de son deuxième consulat pour la dédicace du temple de Venus Victrix, Cicéron y était présent et nous en a laissé un témoignage écrit, un grand nombre d'animaux fut massacré, 600 lions et 18 ou 20 éléphants, ils furent criblés de flèches par des Gaetaliens ; ils arrivèrent à enfoncer les grilles qui les séparaient des spectateurs et c'est pourquoi, depuis ce danger, Jules César entoura l'arène de plusieurs fossés (euripi). En 45 avant J.C., pendant son troisième consulat, le dictateur fit donner une venatio qui dura 5 jours et fut d'une splendeur inouï, pour la première fois on vit des girafes en Italie.

" Au cirque, l'arène fut agrandie des deux côtés ; on creusa tout autour un fossé qui fut rempli d'eau…Cinq jours furent consacrés à des chasses. Le dernier spectacle fut celui d'une bataille rangée entre deux armées où combattirent de part et d'autre, cinq cents fantassins, trente cavaliers et vingt éléphants. Afin d'ouvrir à ces troupes un plus vaste champ de bataille, on avait enlevé les bornes du cirque et l'on y avait substitué, à chaque extrémité, deux camps. " Suétone, César, XXXIX.

Il introduisit, aussi, les combats avec des taureaux dans lesquels des cavaliers thessaliens les poursuivaient tout autour de l'arène et lorsque ces animaux étaient fatigués, ils devaient les attraper par les cornes et les tuer. Ce spectacle qui parait être un des favoris des Romains fut repris par Claude et Néron.

" Outre les luttes des quadriges, il donna le spectacle des jeux troyens et des chasses africaines, exécutées par un escadron de cavaliers prétoriens, leurs tribuns en tête et le préfet lui-même avec eux. Il fit voir aussi des cavaliers thessaliens qui poursuivent dans le Cirque des taureaux sauvages, leur sautent sur le dos, après les avoir lassés à la course et les terrassent en les saisissant par les cornes. " Suétone, Claude, XXI.

Pour les jeux donnés par Auguste en 29 avant J.C., outre des hippopotames et des rhinocéros, il montra un serpent de 50 coudées et 36 crocodiles, bêtes qui sont rarement mentionnées dans les spectacles.

" …si l'on avait apporté à Rome quelque chose qu'on n'y eût point encore vu et qui fut digne de l'être, il le faisait aussitôt voir au peuple dans tous les endroits de la ville indifféremment. C'est ainsi qu'il montra un rhinocéros dans le Champ de Mars, un tigre sur la scène et un serpent de cinquante coudées devant le Comitium. " Suétone, Auguste, 43.

Après la République, la passion pour ces représentations ne cessa de croître, le nombre de bêtes massacrées semble presque incroyable. Pour l'inauguration du Grand Amphithéâtre de Titus, 5000 bêtes sauvages et 4000 animaux apprivoisés furent massacrés. Pour les jeux célébrés par Trajan après sa victoire sur les Daces, 11.000 animaux furent abattus. Durant l'empire, on pu voir un genre particulier de venatio : les animaux n'étaient pas abattus par les bestiarii mais laissés aux spectateurs qui se précipitaient dans l'arène pour prendre ce qui leur plaisait. Pour de telles occasions, de grands arbres étaient plantés dans le cirque pur qu'il ressemble à une forêt. Une telle chasse fut donnée par Gordien l'Aîné, durant son édilité.

" Dans le cours de son édilité, il organisa à ses frais pour le peuple romain douze spectacles, un par mois, montrant parfois 500 couples de gladiateurs, en tout cas jamais moins de 150. En un même jour, il présenta 100 fauves de Lybie (lions) et un autre jour 1000 ours. Une de ces extraordinaires exhibitions d'animaux évoluant dans l'arène au milieu d'une forêt artificielle se voit encore en peinture dans la maison rostrale de Cnéus Pompée qui lui appartenait après avoir été à son père et à son grand-père et qui fut annexée à votre fisc sous le règne de Philippe. Sur ce tableau on peut voir encore dénombrer 200 cerfs aux bois en forme de mains mêlés à des cerfs de Bretagne, 30 chevaux sauvages, 100 brebis sauvages, 10 élans, 100 taureaux de Chypre, 300 autruches de Maurétanie teintes en rouge, 30 onagres, 150 sangliers, 200 ibis, 200 daims. Tous ces animaux, il les laissa emporter par le peuple un jour de spectacle, le sixième qu'il donna. " Histoire Auguste, Gordien, III. Trad. A.Castagnol, R.Laffont, col.Bouquins.

Une des plus extraordinaires venationes de ce genre fut donnée par Probus.

" Il organisa pour le peuple de Rome des divertissements particulièrement grandioses et lui distribua aussi des congiaires. Pour la célébration de son triomphe sur les Germains et les Blemmyes…Il donna au cirque une gigantesque chasse et le peuple fut autorisé à tout emporter. Voilà comment se présentait le spectacle : des arbres robustes avaient été, par le soin des soldats, arrachés avec leurs racines puis fixés grâce à un système de poutres qui formait un quadrillage et qu'on recouvrit ensuite de terre. Et le cirque entier, planté à l'instar d'une forêt, offrit l'aspect d'une frondaison qu'agrémentait cette verdure insolite. On lâcha alors par tous les accès 1000 autruches, 1000 cerfs, 1000 sangliers puis des daims, des bouquetins, des brebis sauvages et tous les herbivores qu'on avait pu élever ou capturer. Après quoi on laissa entrer le public et chacun emporta ce qu'il voulait. Un autre jour il présenta en une seule fois dans l'amphithéâtre cent lions à crinière dont les rugissements provoquaient un fracas de tonnerre. Tous furent abattus au moment de jaillir des portes derrière lesquelles ils étaient parqués : aussi le spectacle qu'offrait leur massacre n'eut-il rien d'extraordinaire car il manquait ce bond que font habituellement les bêtes en surgissant de leur local. On en tua également à coups de flèches un grand nombre qui refusait de sortir. On fit ensuite entrer cent léopards de Libye, puis cent de Syrie ; on exhiba cent lionnes en même temps que trois cent ours. Mais le spectacle de tous ces fauves fut certainement plus imposant que passionnant. " Histoire Auguste, vie de Probus, XIX. Trad. A.Castagnol, R.Laffont, col.Bouquins.

Il n'est pas nécessaire de multiplier les exemples de ce genre de massacre, ce qui a été dit plus haut suffira amplement. Toutefois, il convient de signaler ce que fit capturer le jeune Gordien pour célébrer son triomphe et qui fut exhibé par son successeur, Philippe, lors des jeux séculaires en raison de la variété des animaux présentés ou de leur rareté (Histoire Auguste, vie de Gordien, XXXIII.).

Combien de temps durèrent les venationes est une question à laquelle on ne peut répondre d'une façon certaine, mais elles continuèrent après l'arrêt des combats de gladiateurs. Des exhibitions de bêtes sauvages existaient toujours à Constantinople au temps de Justinien (Procop.Hist.Arc.c.9).

Des combats d'animaux sont parfois représentés sur des pièces de monnaie comme sur celle

 ---> Denier de la famille Livineia

de M. Livenius Regulus qui, probablement, fait référence à la venatio organisé par Jules César dont il est fait mention plus haut.

Des représentations de tels spectacles figurent sur des bas-reliefs, comme ceux de la tombe de Scaurus à Pompéi.

--->  Bas-relief de la tombe de Saurus. (gravure sur bois tirée du livre de W. Smith)

Sur une, on peut distinguer, on peut distinguer ce qui semble être un entraînement de bestiarus. Celui-ci a une lance dans chaque main, sa jambe gauche est protégée par des jambières et il attaque une panthère dont les mouvements sont entravés par une corde qui la rattache à un taureau. Derrière l'animal, un autre homme, armé d'une perche parait l'exiter. (explications données par Mazois Pomp.).

Bestiarii :

Personnes qui combattent les bêtes sauvages dans les jeux du Cirque. Il le faisait, attirées par le salaire (auctoramentum) et ils étaient armés, par contre les criminels condamnés n'avaient aucun moyen de défense. Les bestiarii qui percevaient un salaire étaient nombreux dans les derniers temps de la République et sous l'Empire. On parlait toujours d'eux comme étant une catégorie sociale distincte de celle des gladiateurs. Il y avait même dans Rome des écoles spécialisées dans l'entraînement de ceux qui allaient combattre les animaux sauvages.

sommaire