Forum d'Auguste
Forum d’Auguste:
Il est « comme une Enéïde de pierre implantée au cœur de la ville » Pierre Grimal, « Italie retrouvée. »
---> Maquette de A. Caron
Il fut construit par Octave Auguste pour répondre à un vœux qu’il avait formulé juste avant la bataille de Philippes (42 avant J.C.) où il allait affronter les assassins de son père adoptif Jules César, Brutus et Cassius. Il pensa aussi que la croissance de la population de Rome nécessitait une nouvelle place pour rendre la justice car les deux autres forums étaient saturés (forum républicain+ forum de César). « Parmi un grand nombre de monuments publics dont on lui doit la construction, l’on compte principalement le Forum et le temple de Mars Vengeur...Le Forum fut construit parce que le nombre toujours croissant des plaideurs et des affaires rendant insuffisants les deux premiers, semblait en exiger un troisième. Aussi, sans même attendre que le temple de Mars fût achevé, s "empressa-t-on de l'ouvrir au public et eut-on soin de procéder spécialement, dans le nouveau forum au jugement des causes criminelles et au tirage au sort des juges. Quant au temple de Mars, il en avait fait le vœu pendant la guerre de Philippes, entreprise pour venger son père. Il décréta, en conséquence, que se serait là que s'assemblerait le sénat pour délibérer sur les guerres et sur les triomphes ; de là que partiraient ceux qui se rendraient, avec un commandement, dans les provinces ; là, enfin, que les généraux vainqueurs viendraient déposer les insignes du triomphe. » Suétone, Auguste, XXIX.
« Il fit son forum beaucoup plus étroit qu’il ne l’aurait voulu, n'osant pas forcer les possesseurs des maisons voisines à s'en dessaisir. » Suétone, Auguste, LVI.
Entre le moment où il fut pensé et sa réalisation, il s’écoula quarante ans. Sa construction suite à une promesse faite sur un champ de bataille avait, alors, perdu toute signification, il n’en restait que le fait de vouloir proclamer la gloire de Rome et la propre gloire du princeps. Il fut inauguré en 2 avant J.C. par les petits-fils d’Auguste : Gaius et Lucius alors que le temple de Mars Ultor n’était pas complètement achevé. A cette occasion, il y eut des combats de gladiateurs, un combat naval et des venationes. Le terrain sur lequel il a été bâti, fut acheté à des particuliers avec le butin fait dans diverses guerres mais, bientôt, faute d’argent, il ne correspondit pas au plan initial ; ainsi, il n’était pas un rectangle parfait. Sa géométrie n’était pas parfaitement droite surtout vers le fond où un mur, haut de trente cinq mètres servait de pare-feu et le séparait du quartier populaire du Subure, il était fait de gros bloc de pierre assemblés par des crampons de bois dur et non par de la mortaise comme on pourrait le penser, sa surface interne, tournée donc vers l’intérieur de la place, était couverte de marbre et de stuc.
---- > Le mur au fond du Forum. Maquette de A. Caron.
En fait, bien que situé au fond de l'area, le principal monument était le temple de Mars Ultor. Il fermait la surface de la place. "... voici venir le dieu Mars! C’est le signal des batailles qui nous annonce sa présence. Dieu vengeur, il descend des cieux pour assister lui-même à ses fêtes, dans ce temple que l'on voit s'élever au milieu du forum d'Auguste; grand est le dieu, grand est le temple. Dans la ville de son fils, Mars avait droit à cette splendide demeure; tel était le sanctuaire qui devait recevoir les trophées de la guerre des géants; c'est de là que Gradivus doit s'élancer aux combats terribles, soit qu'un peuple impie nous provoque à l'Orient, soit qu'aux lieux où le soleil se couche une nation rebelle demande à être domptée. Le dieu de la guerre jette un coup d'œil sur les rebords élevés de la toiture du temple; il aime à y voir debout les statues des dieux invaincus; il contemple, sur les portes, des traits de formes différentes, et les armes des peuples soumis par les soldats. Ici c'est Énée, chargé de son fardeau sacré, et tant d'aïeux de l'illustre famille des Jules; là c'est le fils d'Ilia, portant sur ses épaules l'armure d'un chef ennemi. Sous les statues de chaque héros, on a retracé ses actions glorieuses. Il lit aussi le nom d'Auguste, écrit sur le fronton du temple, et, à l'aspect du nom de César, le monument lui semble plus imposant. Jeune, il avait fait ce vœu, quand il prit les armes pour une guerre pieuse; le début même d'une si haute destinée devait avoir ce caractère de grandeur; les mains levées vers le ciel, et en présence des deux armées, l'une commandée par les conjurés, l'autre attachée à la bonne cause, il prononça ces mots: "S'il est vrai que la mort seule d'un père, d'un prêtre de Vesta m'amène sur le champ de bataille pour venger cette majesté deux fois sacrée, assiste-nous, ô dieu Mars! Que nos épées s'abreuvent d'un sang criminel, et que le parti de la justice soit assuré de ton appui. Je te voue un temple, et, si je remporte la victoire, tu recevras le surnom de Vengeur." Il dit; les ennemis sont dispersés, et il revient en triomphe. Mais ce n'est pas assez que Mars ait mérité une fois son nom, César veut reconquérir les enseignes restées entre les mains des Parthes. C'est un peuple protégé par d'immenses plaines, par ses chevaux, ses flèches; les fleuves dont il est entouré lui servent de barrières et de remparts; son audace s'est accrue depuis les désastres de Crassus où il a vu périr soldats et général, où les enseignes sont tombées en son pouvoir; les enseignes romaines, l'orgueil de nos légions, étaient au pouvoir des Parthes; l'aigle romaine était portée par la main d'un ennemi. Cette honte durerait encore si l'empire d'Ausonie n'eût été protégé par les redoutables armes de César; il lava cette tache, il vengea ce vieil affront; les enseignes reconquises reconnurent leurs soldats. O Parthe! À quoi ont servi ces flèches que tu sais lancer en fuyant, et ces déserts et ces coursiers rapides? Tu rapportes nos aigles, tu rends aussi tes arcs impuissants; tu n'as plus aucun gage de nos tristes revers. Au dieu, deux fois vengeur un temple est solennellement consacré sous ce nom même; de justes honneurs acquittent la dette de César. Célébrez en grande pompe, ô Romains, les jeux du cirque; ceux de la scène n'ont pas paru convenables pour fêter le dieu des combats. " Ovide, fastes, V, 551.
---- > Ancienne monnaie représentant le temple de Mars Ultor
Pline l'Ancien le considérait comme un des plus beaux monuments du monde. ( Pline, Histoire Naturelle, XXXVI, 102)
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