Pompée le Grand  : Gnaeus Pompeius Magnus

29 septembre 106 Avant J.C.

48 Avant J.C. à Péluse, en Egypte.

Il est né dans le Picinum , au sein d'une riche et puissante famille équestre de province. Il trouva la mort en Egypte, tué par des spadassins à la solde des régents du jeune roi Ptolémée XIII. Il était de 6 ans l'aîné de César.

Il était le fils de Gnaeus Pompeius Strabo qui s'illustra par sa cruauté durant les « guerres sociales ». Ce dernier fut consul en 89 Avant J.C., haï du peuple romain. Il devra défendre la mémoire de ce père, accusé d'avoir détourné des fonds. Lui-même subit une telle accusation.

A 23 ans, son énorme ambition, malgré son jeune âge, le mit à la tête de 3 légions levées parmi ses clients et les vétérans de son père ; avec elles, il se mit au service de Sylla alors en lutte avec les marianistes. Le futur maître de Rome l'envoya combattre Cinna , puis il dut partir en Sicile et en Afrique où il trouva Cn. Domitius Ahenobarbus en face de lui.

Tout jeune, il avait épousé la fille du préteur Antistius puis, en récompense, en quelques sortes, des services rendus, Sylla lui offrit sa fille, Aemilia , qui va, très vite, périr en couches ; c'est ce dernier qui lui donnera le surnom de Magnus (grand) faisant référence à Alexandre le Grand, il en adopta même la coiffure pour accentuer la ressemblance.

Comme sa destinée fut de toujours finir avec éclat ce que d'autres avaient commencé avec difficultés, il alla en Espagne soutenir Metellus Pius qui luttait contre Sertorius (marianiste) qui tentait d'établir une nouvelle Rome en Espagne. Il se retrouva face à face non pas avec Sertorius qui avait été assassiné par Perpenna , un de ses lieutenants, mais avec ce dernier qu'il avait déjà trouvé sur son chemin en Sicile. Il le vainquit mais la lutte dura 4 ans. Il le fit prisonnier et exécuter pour éviter qu'il fasse des révélations trop compromettantes concernant de puissants personnages romains :

car Perpenna, aux mains de qui étaient tombés les papiers de Sertorius, montrait des lettres des personnages les plus considérables de Rome, lesquels, dans le dessein de remuer les affaires, et d’opérer une révolution dans le gouvernement, appelaient Sertorius en Italie. Pompée craignit que la publicité de ces lettres ne ranimât des guerres plus vives que celles qu’on venait d’apaiser : il fit mourir Perpenna, et brûla les lettres sans les avoir lues. Plutarque, Pompée, XX, 39.

Vainqueur, il fit ériger, au Perthus, un monumznt à sa gloire, détaillant toutes ses victoires.

C'est en revenant d'Espagne qu'il rencontra 5000 hommes, rescapés des troupes de Spartacus, il les massacra jusqu'au dernier. Pour cet exploit et surtout pour avoir vaincu en Espagne (un Romain ne pouvait recevoir un triomphe que s'il avait vaincu des étrangers et non pas d'autres Romains, encore moins des esclaves), il eut droit à un triomphe tandis que Crassus n'eut droit qu'à une ovatio . D'où problème de jalousie. Ce qui n'empêcha pas les deux hommes de se retrouver consul pour l'année 70 Avant J.C. Il reçut le consulat sans avoir l'âge légal et surtout sans avoir exercé aucune des fonctions du cursus honorum . Ils seront à nouveau consul ensemble, comme l'avait décidé les accords de LUCQUES (marquant l'aide renouvelée entre les triumvirs) pour l'année 55 Avant J.C.

La Lex Gabinia (67 après J.C.) qui venait d'un tribun, Aulus Gabinius , qui, sera gouverneur de Syrie, lui donna les pleins pouvoirs pour vaincre les pirates qui hantaient la Méditerranée. Ces derniers avaient presque 1000 vaisseaux et possédaient de nombreuses places fortes (Crète, Sicile etc…). Pompée va les battre en 3 mois. Pour cela, il va diviser la mer et les côtes en treize secteurs, tandis que la Gaule du sud et la Ligurie seront du ressort de la ville de Marseille. Il eut sous ses ordres 500 navires, 120.000 fantassins et 5000 cavaliers, pourquoi des cavaliers ? Parce que son pouvoir va s'étendre non seulement sur la mer mais sur toutes les zones côtières romaines. Il recevra pour l'aider dans son combat 6000 talents, somme énorme. Il va s'en dire qu'une telle puissance réunie dans les mains d'un seul homme n'alla pas sans poser d'énormes problèmes et le résultat fut que cette loi passa difficilement. Surtout deux tribuns du peuple esseyerent de s'y opposer, Trebelius et Roscius.

« Ce décret, lu publiquement, fut ratifié par le peuple avec l'empressement le plus vif. Mais les premiers et les plus puissants d'entre les sénateurs jugèrent que cette puissance absolue et illimitée, si elle pouvait être au-dessus de l'envie, était faite au moins pour inspirer de la crainte ; ils s'opposèrent donc au décret, à l'exception de César, qui l'approuva, moins pour favoriser Pompée que pour s'insinuer de bonne heure dans les bonnes grâces du peuple et se ménager à lui-même sa faveur. » Plutarque, Pompée, XXVI.

Il va les vaincre et en souvenir de son succès, il va faire orner l'extérieur de sa maison des rostres (éperons) des navires vaincus. Cette guerre va se terminer par la prise de l'île de Crète qui est dans le champ de compétence d'un ancien consul, Metellus qui refuse l'autorité de Pompée et qui aura le dernier mot, il va prendre l'île ce qui lui vaudra d'être nommé : Metellus Creticus. Contrairement aux usages de l'époque où ils étaient crucifiés, il les épargne, il les parsème dans des cités d'Orient qui sont dépeuplées.

Puis une deuxième loi fut votée, la lex Manilia (66 Avant J.C.), proposée par le tribun Manilius Crispus pour lui donner les moyens nécessaires pour écraser Mithridate VI. Par cette loi, il avait le pouvoir de s'allier à qui bon lui semblait et de conclure n'importe quel traité, son vote fut appuyé fortement par J. César et Cicéron, elle devait amener à anéantir totalement le roi oriental, le sénat lui confia les troupes de Lucullus et c'est ainsi qu'une fois de plus, il sera amené à terminer ce qu'un autre avait commencé. Il va mettre deux ans pour battre définitivement Mithridate. Il aura besoin de la trahison du propre fils du satrape, Pharnace, celui-ci enverra le cadavre de son père au Romain pour preuve de son loyalisme envers Rome. Et c'est ainsi qu'en 64 Avant J.C., il fit rentrer Antioche donc la Syrie qui appartenait aux Parthes, plus la Bithynie , la Paphlagonie et le Pont dans le giron de Rome. Seuls les Nabatéens lui échappèrent. Il voulut aussi annexer Pétra mais le siège, conduit par un de ses lieutenants, Scaurus , échoua. En 63 Avant J.C., il va se rendre à Damas où une délégation juive lui demanda de leur choisir un roi ; comme celui qui ne fut pas choisi se révolta, il dut envahir la Palestine et prendre Jérusalem d'assaut pour imposer ses décisions. Cette année là, les sénateurs votèrent 10 jours de supplications (actions de grâce) pour les victoires de Pompée. Pour avoir défait Mithridate, il reçut un troisième triomphe.

Après sa victoire sur les pirates et sa conquête de l'Asie, il demanda à être sculpté nu, tenant dans sa main gauche un globe représentant le monde, cette statue (Pompée en « cosmocrator ») trônait au milieu de celles des 14 nations qu'il avait soumises. Elle décora, quelques années après, la Curie qui sevait à ce moment de lieu de réunion du Sénat, celle du Forum ayant été incendiée par les partisans de Clodius. Il l'avait fait bâtir dans le prolongement de son théâtre ; c'est à ses pieds que Jules César fut assassiné.

--- > Mort de César, Vincenzo Camuccini,1798.

Et vint le premier triumvirat en 60 Avant J.C. quand trois ambitieux, César, représentant le partie populaire ( Populares ), Pompée, s'alliant à l'aristocratie ( Optimates ), et Crassus qui va apporter l'argent aux diverses entreprises du clan, s'unirent dans le plus grand secret pour se partager le pouvoir en contrebalançant celui du Sénat. Ils délimitèrent leurs zones d'influence. A lui revint l'Espagne ; Crassus eut la Syrie et César : les Gaules (Narbonnaise et Cisalpine) plus l'Illyrie ; ils y eurent chacun un pouvoir proconsulaire. Mais curieusement, il ne partit pas vers son gouvernement, préférant laisser agir ses légats qui s'activaient en suivant ses ordres, il resta à Rome pour voir comment aller s'enchaîner les évènements et pour pouvoir agir quand le besoin s'en ferait sentir. Pour marquer leur bonne entente, il épousa Julia , fille unique de César et de Cornelia (fille de Cinna ), il tomba amoureux d'elle ; lui qui était libre après avoir répudié Mucia Tertia pour adultère. Malheureusement, elle va périr au cours d'une grossesse et sa disparition va marquer la séparation entre César et Pompée (Crassus, troisième éléments du triumvirat va périr contre les Parthes), bien que pour ressouder leur alliance, César ait demandé la main de son unique fille.

Il eut plusieurs épouses dans sa vie (5 en tout) pour marquer des alliances politiques. Après le décès de Julia, il va épouser Cornelia, fille de Metellus Scipio qui auparavant ètait l'épouse de P. Crassus, le fils du triumvir ainsi il va rentrer dans la haute aristocratie romaine, lui le fils d'un simple chevalier.Mais la passion et la sexualité amoureuse, il les connut avec une courtisane nommée : Flora . Mais revenons quelques années plus tôt quand Julia était toujours là. Il obtint du Sénat que le proconsulat de son beau-père soit augmenté d'une province : la Gaule transalpine ce qui plaça sous son commandement une légion supplémentaire. Mais les sénateurs lui refusèrent l'octroie de terres pour ses vétérans ce qui le poussa un peu plus à participer à ce triumvirat. César va réussir à les lui faire obtenir quand il sera consul, grâce à l'appui de Pompée ; échange de bons procédés. Il voulut laisser son empreinte dans Rome, il y a fait contruire un temple à Hercule près du Grand Cirque et un autre à Minerve, il ne faut pas oublié son théatre.

En 57 Avant J.C., le Sénat le chargea du ravitaillement en blé de Rome qui connaissait alors une grave pénurie. On le retrouva en 56 Avant J.C., participant aux pourparlers de LUCQUES qui allaient voir le renouvellement du triumvirat en principe pour 5 ans et les triumvirs firent voter une loi qui les renouvelait dans leurs pouvoirs proconsulaires. En 52 Avant J.C., on le retrouve consul unique (faisant office d'une espèce de dictateur). En permettant un consulat tenu par une seule personne, le Sénat pensait arriver à résoudre les troubles graves qui éclataient dans Rome. Il faut se souvenir que c'est la période qui vit l'affrontement des bandes de Clodius contre celles de Milon. Mais en même temps, il gardait son pouvoir proconsulaire sur l'Espagne, il cumulait deux imperium , un consulaire, l'autre proconsulaire sur sa province comme on vient de le voir, ce que Sylla n'avait jamais voulu mais qui se fera par la suite avec les empereurs.

Il n'oubliait pas son ancien complice du trimvirat qui maintenant était son ennemi : J. César. Ce dernier voulait briguer un autre consulat sans être présent à Rome. Le Sénat lui demanda de se présenter dans la Ville comme un simple particulier tandis que Pompée, lui, conservait ses troupes. Situation impensable qui déboucha sur une guerre civile. En 49 Avant J.C., César va franchir le Rubicon (rivière qui symbolisait la frontière de Rome qu'une armée ne pouvait traverser). A l'instigation de Pompée, le Sénat va le déclarer hors la loi. Devant la fougue déployée par César, il fut complètement dépassé, il fuit en Orient, demanda aux sénateurs de le suivre sous peine d'être considérés comme étant de la fraction des partisans de son rival. Ce départ fut tellement précipité que le Trésor Public fut oublié, pas par César lorsqu'il pénétra dans la Ville. La guerre civile qui s'était déclanchée, va aller en s'amplifient ; avant de s'attaquer à lui, César voulut battre les différentes armées pompéiennes réfugiées en Espagne. Puis, Pompée qui était en Thessalie fut rejoint, l'affrontement entre eux eut lieu à Pharsale (48 Avant J.C.). Et là, bien que son armée fut en position de forces, étant numériquement plus importante, il fut battu et il va fuir vers l'Afrique certrains pompéiens lui conseillèrent de rejoindre Caton qui était à la tête d'une flotte importante. Pendant sa fuite vers l'Egypte, destination final, il va faire escale à Mytilène (ancienne capitale de l'île de Lesbos) pour récupérer sa femme, Cornélie (ancienne épouse du fils - Publius - de Crassus qui a péri avec son père à la bataille de Carrhes) et un de ses fils ( Sextus ). Il refusa de s'y réfugier comme la population le lui offrait. Pourquoi se réfugier en Egypte ? Parce que le pays était encore indépendant et surtout parce qu'il lui était redevable mais les régents du Pharaon de l'époque (Pothin et Achillas), Ptolémée XIII (frère et époux de Cléopâtre) qui était son pupilledécidèrent de se ranger du coté du vainqueur et c'est ainsi que Pompée fut assassiné par des Romains passé au service de l'Egypte, les centurions, Septimus et Flavius dès son débarquement sur les cotes égyptiennes sous les yeux de sa femme et de son plus jeune fils, Sextus. Achillas qui était grand chambellan d'Egypte et le commandant de l'armée de ce pays lui fit couper la tête et l'envoya à César comme signe de soumission, il est dit que ce dernier pleura en la voyant.

--- > Mort de Pompée, tirée du livre de J. Abott, « History of Julius Cesar »1904.

  Ces derniers purent s'enfuir. Il avait 58 ans presque 59 puisqu'il mourut la veille de son anniversaire soit le 28 septembre.

S'il fut un grand général, il fut un piètre politique. «  De l'homme d'Etat, il n'avait que l'ambition, et pour l'assouvir, il mit sa politique au service des puissances d'argent.  » Marcel Le Glay, Rome, "Grandeur et Déclin de la République".

Toute sa vie, il aura eu des pouvoirs légaux mais toujours : «  en marge de la légalité républicaine  ». Marcel Le Glay, ibidem.

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