Garnison de Rome :
Sous la République, Rome n’a pas d’organisation municipale spécifique. Il va falloir attendre Auguste pour en avoir une dont celle qui va s’occuper de la police et des troupes qui stationnent dans la Ville. Jusqu’ici, la sécurité des citoyens, noyée dans les diverses administrations, était du ressort des édiles, avec les tres viri capitales, et des tribuns de la plèbe. Avec Auguste, la sécurité de la population est entre les mains de trois corps de troupes :
- Les Prétoriens (voir le chapitre qui leur ait consacré – ICI).
- Les cohortes urbaines.
- Les cohortes des Vigiles.
Mais seules, les deux premières peuvent être qualifiées de militaires
Au total, les soldats stationnées à Rome devaient être au nombre de 18.000 à 22.000.
 

 

 

 

 

 

Cohortes Urbaines
Elles virent le jour en 13 avant J.C.pour assurer la police diurne. Elles étaient au nombre de quatre suivant Dion Cassius :  « Alors, sous Auguste, outre les légions, qu'il y en ait eu vingt-trois ou vingt-cinq, on entretenait des troupes auxiliaires d'infanterie, de cavalerie et de marine; mais je ne saurais en dire le chiffre exact. Il y avait encore les Gardes Prétoriens, au nombre de dix mille, divisés en dix cohortes, et les Gardes Urbains, divisés en quatre cohortes » Dion Cassius, LV, 24.
trois suivant Tacite : « Rome avait d'ailleurs ses troupes particulières, trois cohortes urbaines et neuf prétoriennes » Tacite, Annales, IV, 5.
Chacune d’elle était composée de 500 hommes (urbaniari) numérotée à la suite des cohortes prétoriennes. Claude les fit passer à sept puis on revint au nombre initial. Septime Sévère augmenta le nombre d’hommes par cohorte à 1500. Deux autres vont voir le jour, l’une stationnée à Lyon, l’autre à Carthage. Celle de Lyon, outre le maintien de l’ordre, s’occupait de la protection du gouverneur et des organismes romains, sous Septime Sévère, elle fut remplacée par des soldats provenant des légions de Germanie. Quant à celle de Carthage, on pense à la suite de T. Mommsen que c’est Vespasien qui la créa ou tout du moins un Flavien ; il y avait aussi deux cohortes cantonnées dans deux ports importants pour l’approvisionnement de Rome : Ostie et Pouzzoles qui furent mises là pour la surveillance des lieux par Caracalla.  Avec Vespasien, on va vivre le passage de l’autorité sur la police des mains des édiles aux mains du Préfet de la Ville, puis, au Bas Empire, ces cohortes  vont être sous l’autorité d’un tribun de rang sénatorial qui, lui-même, est commandé par le préfet du Prétoire.
A leur formation et sur le Haut Empire, chacune avait à sa tête un tribun aidé par six centurions. Celui-ci, le plus souvent, avait commandé une cohorte de vigiles et l’évolution de sa carrière devait le mener à la tête d’une de prétoriens.
Puis au IV ième siècle, dans des récits qui mettent en scène le maintien de l’ordre, on ne voit plus cité que des « officiales », toujours à cette date l’historien moderne A. Chastagnol estime leurs forces à 4.000 hommes.
Elles n’eurent jamais un rôle politique comme les Prétoriens quoiqu’à la mort de Caligula, elles essayèrent de rétablir la République.
Elles étaient  logées dans leur camp (qui était hors du pomerium), c’est seulement, en 270 après J.C. qu’elles eurent leur propre cantonnement situé au Cham de Mars. Des historiens modernes ont avancé qu’elles travaillaient  main dans la main avec ces prétoriens, l’exemple le plus frappant est donné par les jours de fête pendant lesquels elles se seraient partagé la tâche de surveillance de la ville. Les prétoriens auraient eu la charge des lieux de spectacle et de fête, les Cohortes Urbaines devaient surveiller la Ville désertée par ses habitants qui s’étaient rendus aux réjouissances.
Ces Cohortes Urbaines sont allées peu souvent au combat, on pense qu’une d’entre elles se retrouva aux cotés de Trajan pendant les guerres daciques et une autre avec Domitien sur le Danube (voir l’article de François Berard ICI-).

Cohortes des Vigiles
Les Vigiles étaient les pompiers de Rome et comme tels très populaires, la population, de la Ville les appelaient « porteurs de cordes » (sparteoli). Pourquoi ? Parce qu’une corde était enroulée autour de leurs épaules. Sous la République, ce corps existait déjà mais n’était composé que d’esclaves. Certains particuliers en louaient à l’Etat. Auguste réorganisa ce corps en 22 avant J.C. désormais les hommes qui le composaient furent des affranchis, des pérégrins, des Italiens donc des gens de seconde zone.
---- Image trouvée  sur le site : http// alchetron.com/Vigiles

Ils n’étaient pas des soldats véritables mais des « pompiers militarisés » suivant la définition donnée par Yann Le Bohec. Contrairement à ce que montre l’image ci-dessus, ils ne possédaient pas d’armes mais des instruments pour attaquer les incendies. A la différence d’un légionnaire, ils n’avaient pas la citoyenneté  (jus civitas). Sous Claude (?), ils purent l’acquérir au bout de six ans de service.
Les cohortes étaient au nombre de sept. Chacune d’elle était commandée par un tribun et se composait d’à peu près mille hommes divisés en sept centuries ; la cohorte ne comprenait pas de manipules. Le tout était chapeauté par le préfet des vigiles (ordre équestre) qui devait avoir ses bureaux à la caserne de la première cohorte qui se situait au Champ de Mars, sous Trajan, on voit apparaitre un sous-préfet.
Elles n’avaient pas de camp mais étaient réparties de façon à surveiller deux régions, une caserne avait la responsabilité d’un secteur couvrant ces deux régions. Ainsi les quatorze régions augustéennes étaient couvertes.
En faisant des rondes, dans les quartiers qu’ils avaient à surveiller, les vigiles s’occupaient de la police nocturne. Ils avaient aussi des taches durant la journée mais celles-ci sont mal connues, il est sûr que la surveillance des thermes avec leur système de chauffage au bois, était de leur ressort. Chaque cohorte avait en son sein quatre médecins qui devaient porter secours aux victimes des incendies ou des violences nocturnes.
A partir de Constantin, les cohortes passèrent dans le domaine civil et furent commandées par un vicaire, elles n’eurent plus rien de commun  avec les militaires.

Mais Rome fut le cantonnement d’autres troupes, plus spécialement au service de l’empereur.

Corporis Custodes
A son avènement à la tête de l’Etat, Auguste s’entoura de gardes du corps Germains, plus spécialement Bataves entre 100 et 500 hommes. Mais après le désastre de Teutoburg (9 après J.C.), il ne fit plus confiance à ce peuple, il prononça la dissolution de cette unité. Puis Caligula les reforma.et Galba les dissous à nouveau.
« Au premier bruit (lors de son assassinat), ses porteurs, armés de leurs bâtons, volèrent à son secours, et furent bientôt suivis de sa garde germaine. » Suétone, Caligula, 58, 6.
« Il licencia la cohorte germaine que les Césars avaient créée pour la sûreté de leur personne, et dont la fidélité était à l'épreuve; il la renvoya dans sa patrie sans aucune récompense, sous prétexte qu'elle était trop dévouée à Cn. Dolabella dont les jardins touchaient au camp de cette garde étrangère. » Suétone Galba, 12.
StatoresAugusti
Subordonnés au préfet du prétoire, ils étaient répartis en 5 centuries. A leur tête, il y avait un curator statorum et un praefectus statorum. Hiérarchiquement ils étaient au-dessus des Vigiles mais inférieurs aux cohortes urbaines. Leurs fonctions sont très mal connues, ils s’occupaient de justice et de police, on peut supposer qu’ils étaient les hommes d’une espèce de police militaire et les hommes de main, enquêteurs aussi de la police civile.

Marins
Ils étaient là pour manœuvrer les grandes toiles qui protégeaient les spectateurs du Colisée des intempéries ou des ardeurs du soleil. Les archéologues ont pu retrouver leurs camps, disséminés dans Rome : « Castra Misenatium »  sur l’Esquilin, près du Colisée, « Castra Ravennatium » près de la Naumachie d’Auguste. Il est évident qu’un tel lieu avait besoin de marins.
Equites Singulares
Corps de cavalerie crée par Galba ou plus certainement par Trajan pour protéger l’empereur. Il devait compter 1.000 hommes, commandé par un tribun, secondé par des décurions, le tout sous le commandement du préfet du prétoire. Ils étaient logés dans des casernes situées au Latran et avaient des liens étroits avec les prétoriens, ils devaient être leur cavalerie.
Evocati Augusti
Ce corps existait déjà sous la République, les textes anciens  en font mention dès 299 avant J.C. . Au début de l’Empire, ils étaient recrutés parmi les légionnaires puis à partir de Tibère uniquement chez les prétoriens. On pense qu’ils étaient des anciens de ce corps qui s’étaient réengagés après les 16 ans de service qu’ils devaient accomplir. Parmi eux, étaient choisis ceux qui allaient commander à des troupes auxiliaires. Ils pouvaient aussi servir dans l’administration chargée de gérer les biens impériaux. Sous Domitien, ils avaient aussi la tache de monter la garde devant la chambre de l’empereur/. Ils étaient sous l’autorité du préfet du prétoire. Comme les centurions, ils avaient comme insigne un cep de vigne.

 

sommaire