Les Rostres

Les Rostres :

  

En 338 avant J.C., les Romains, avec S. Maenius à leur tête, prirent la cité d’Antium ainsi que leurs navires, leurs éperons (rostres) servirent de motif de décoration à une tribune, dressée au Comitium donc dans une partie du Forum, d’où les orateurs s’adressaient au peuple.

« Une partie de la flotte antiate fut amenée dans les arsenaux de Rome, le reste fut brûlé. Les pères décidèrent d'orner une estrade sur le forum avec les éperons de ces navires d'où le nom de Rostres qu’on donne à ce lieux consacré. » Tite Live, VIII, 14, trad.A.Flobert.

Ils étaient fixés sous la plate forme de l’estrade. Les Grecs faisaient aussi des trophées avec les éperons des galères capturées.

Cette tribune se trouvait sur le coté sud du Comitium, en face de la Curie, proche du sepulcrum Romuli, juste à la jonction du Comitium et du Forum de façon à ce que celui qui avait la parole puisse être entendu d’un endroit ou de l’autre et que sa voix atteigne le Sénat dont les portes devaient rester ouvertes. C. Gracchus ou Licinius Crassus (tribun de la plèbe), on ne sait pas trop bien qui, introduisit une petite révolution en parlant tourné vers le Forum donc vers le peuple (signe politique). En faveur de ce dernier, nous avons deux textes : Varron, Economie rurale, 1,2,9 et Cicéron Laetius, 25,96 .(indications données dans le livre Rome de la Cité-Etat à l’Empire d’Elizabeth Deniaux).

 C’était un lieu consacré par les augures donc un templum. Ses mesures étaient de 23 mètres sur 10 mètres. Il avait une petite hauteur (3 mètres) de façon à ce que l’orateur puisse être vu de tous au moment de son discours. On y parvenait par une double volée de marches situées sur son arrière, coté Capitole. Ces deux escaliers trouvèrent longtemps un écho dans les églises, on montait en chaire par un coté et on descendait de l’autre. Les rostres étaient entourés par un parapet interrompu dans sa longueur par un emplacement vide d’où l’orateur pouvait parler. Ils étaient ornés de nombreuses statues d’ambassadeurs tués à l’étranger pendant l’exercice de leur mandat.

 « On éleva dans les Rostres, aux frais de l'état, des statues aux députés égorgés à Fidènes. » Tite Live, IV, 17.

Il y en avait tellement qu’il fallut en retirer pour faire de la place pour d’autres. On pouvait y voir, aussi, les statues de Camille, de Sylla à cheval, en bronze doré, et de Pompée. Ces deux dernières furent renversées par le peuple, César les remit aux nouveaux rostres : « Il releva même les statues de L. Sylla et de Pompée, que le peuple avait abattues. » Suétone, vie de César, LXXV.

L’année de sa mort, le Sénat avait décidé que deux statues à son effigie y seraient élevées. Lui-même, peu avant son décès, les fit transporter à l’ouest du Forum, devant le temple de la Concorde ; comme preuve, nous avons un bas relief de l’arc de Constantin qui les montrent à cette place. Les rostres virent de macabres trophées : la tête d’Antoine, celle de Cicéron ainsi que ses mains, les victimes des proscriptions de Sylla : « Beaucoup furent tués dans leur maison, d'autres dans les rues, ici et là, près des temples ; leurs têtes étaient déposées sur les Rostres et leurs corps servaient de repas aux chiens et autres animaux. » Dion Cassius, XLVII, 3. Et d’autres...

  ----> Reconstitution faite par des élèves du collège Stanislas de Paris

Sous l’Empire, les Rostres républicains furent appelés rostra vetera pour les distinguer de l’endroit où l’empereur prenait la parole : devant le temple de César divinisé.

« Deux éloges funèbres furent prononcés sur ses restes (Auguste) : l’un par Tibère, devant le temple du divin Jules, et l’autre par Drusus, fils de Tibère, près de l'ancienne tribune aux harangues. » Suétone, Auguste, 100.

Les vestiges que l’on voit, aujourd’hui, sont ceux du temps de César et d’Auguste. Alors que les vieux rostres républicains étaient incurvés, ceux là sont rectilignes. Ce dernier les décora des éperons des galères égyptiennes capturées à Actium (31 avant J.C.).

L’orateur avait un autre endroit pour s’adresser à la foule, c’était le podium du temple de Castor ; César, en particulier, y parla pour défendre son projet de loi agraire.

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