Comices Tributes

Comices Tributes: (comicia tributa)

De nombreux historiens modernes voient en eux la forme la plus démocratique du vote.

Comme tous comices, ceux-ci étaient présidés par un magistrat, consul ou préteur.

A l'origine, ils formaient des entités géographiques et électorales. L'état romain était divisé en 35 tribus, 4 tribus urbaines et 31 tribus rustiques. A partir de 241 avant J.C., les nouveaux citoyens se virent rattacher à une tribu déjà existante, en général à une tribu urbaine, les censeurs décidaient de l'inscription dans telle ou telle tribu, immense pouvoir électoral car ils pouvaient aussi faire passer un individu d'une tribu à l'autre. Même les affranchis, bien qu'ils ne puissent eux-mêmes se présenter à une magistrature, pouvaient voter. Et c'est en 169 avant J.C. qu'on eut l'idée (pour amenuiser considérablement leur poids électoral) de les inscrire dans les tribus urbaines. Le premier Tiberius Sempronius Gracchus (le père des Gracques) voulut tout simplement les priver du droit de vote, son collègue, C. Claudius Pulcher le convainquit du contraire et trouva cette solution médiane. Ils furent automatiquement mis dans la tribu Esquilina.

" Les affranchis étaient inscrits dans les quatre tribus urbaines sauf ceux qui étaient père d'un enfant de plus de cinq ans…et ceux qui possédaient une propriété de plus de trente mille sesterces…Ils étaient en désaccord sur ce point. Ils finirent par trouver un compromis : tous les anciens esclaves seraient regroupés dans une des quatre tribus urbaines, tirée au sort publiquement dans l'atrium de la Liberté. Le sort tomba sur la tribu Esquiline : Tiberius Gracchus déclara que tous les affranchis s'y feraient inscrire. " Tite Live, XLV, 15. trad. A. Flobert.

Une tribu possédait une voix (c'est l'ensemble des votants et la majorité qui s'en dégageait qui déterminait cette voix), il est donc facile de voir que les tribus rurales, bien que peu peuplées mais de grands propriétaires terriens vivant à Rome, étaient favorisées par rapport aux tribus urbaines qui étaient, en nombre très peu, mais fournies d'un grand nombre de personnes souvent des prolétaires.

Ces comices étaient chargés d'élire les magistrats inférieurs, sans imperium, c'est-à-dire les édiles, les questeurs et les tribuns militaires qui de trois passèrent à vingt quatre à la fin du III ème siècle, ils secondaient le commandant en chef de l'armée, leurs fonctions étaient donc autant administratives que guerrières (la nomination à cette fonction dépendait d'un consul sauf pour les quatre premières légions qui selon une très vielle coutume était du ressort du peuple).

Ces élections avaient lieu juste après celles des préteurs ainsi ceux qui s'étaient déplacés pour la première pouvaient voter pour la seconde (n'oublions pas qu'une élection se déroulait toujours à Rome). Avec l'apparition du bulletin, toutes les tribus votaient ensemble. Auparavant, chacune s'exprimait séparément, l'une d'entre elles était tirée au sort pour commencer (principium), le magistrat, en charge de la séance, désignait, dans cette tribu, le premier votant. La fonction législative était la plus importante ; à la fin de la République, la quasi-totalité des lois passaient par eux. Ce fut " l'organe essentiel de la souveraineté populaire ". Claude Nicolet, " le métier de citoyen ", cité par Eugen Cizek ; " mentalités et institutions politiques romaines ". Longtemps, leur lieu de réunion fut l'enceinte du temple de Jupiter Capitolin (Tite Live, XXXIV, 53). Ils pouvaient se tenir dans ou hors du pomerium, pour des raisons de commodités, ces assemblées utilisèrent les lieux de vote des comices centuriates : les saepta sur le Champ de Mars. Avec la constitution de Sylla, les tribuns de la plèbe n'eurent plus l'initiative des lois. Il fallut attendre 70 avant J.C. pour que Pompée leur rende cette prérogative.

" Ce fut encore sous son consulat qu'il rétablit la puissance tribunitienne dans ses anciennes prérogatives. Déjá le tribun, M.Atilius Palicanus, Picentin d'origine, grand parleur plutôt qu'éloquent avait réveillé cette grave question. On eut pu croire que, dans cette occasion, Pompée aurait embrassé la cause du sénat, ou du moins serait, comme Crassus, resté neutre ; mais déjà dans plusieurs occasions, il avait paru disposé à faire tout ce qui serait conforme aux vœux de la multitude. C'est ce qui ne manqua pas d'arriver : Pompée soutint de toute son influence dans le sénat les propositions de Palicanus et le tribunat fut rendu à ses anciennes prérogatives. " Salluste, fragments historiques, CCCXCI.

Ce sont eux qui votèrent la loi condamnant Cicéron à l'exil.

Avec l'empire, jusqu'au IIème siècle après J.C., " ils ne conservèrent que des compétences législatives très limitées et très formelles ". Nicolet, " le métier de citoyen ", cité par Eugen Cizek ; " mentalités et institutions politiques romaines ".

                  

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